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Crise porcine

Porc : cotation reportée, les éleveurs en appelent au Premier ministre

Pas de cotation aujourd'hui au marché du porc breton, le Premier ministre interpelé, les syndicats réagissent.
Porc : cotation reportée, les éleveurs en appelent au Premier ministre

Il n'y a pas eu de cotation au marché du porc breton (MPB) hier jeudi 13 août, mais les dirigeants du cadran se gardaient la possibilité de tenir une séance le 14 août, a annoncé son président Daniel Picart, après une réunion des administrateurs qui aura duré toute la mâtinée. « Non cotation aujourd'hui en raison de l'absence des deux opérateurs Bigard et Cooperl. Report à demain si nous avons des informations d'ici là », annonce-t-il. Les responsables du cadran ont demandé un rendez-vous en urgence avec le Premier ministre Manuel Valls. .« Annuler ce matin, cela voulait dire 62 000 porcs qui ne trouvaient pas preneurs. Nous vivons d'espoir ! », explique-t-il. A Plérin, la tension monte. « Si Valls ne répond pas de la journée, surveillez vos portables car vous recevrez sans doute un sms pour une mobilisation. On ne peut pas laisser les choses comme ça », a lancé Didier Lucas, président de la FDSEA 22 devant des dizaines d'éleveurs. « Aujourd'hui ces deux entreprises ont dévié du règlement du marché qu'elles ont signé » et elles « sont aujourd'hui hors la loi », a martelé Daniel Picart. « Dès demain ou dès lundi ce sont nos avocats qui vont discuter ensemble »

S. Le Foll regrette l'absence de cotation au cadran

Lors d'une conférence de presse le 13 août, le ministre de l'Agriculture a regretté l'absence de cotation le jour-même au marché du porc breton, et fait remarquer que le prix en vigueur dans la filière restait pour l'heure celui de la dernière cotation (1,404EUR/kg). S. Le Foll a expliqué qu'il ne disposait d'aucun levier juridique pour forcer la cotation à reprendre sur le marché de Plérin, car il s'agit d'une association type loi 1901 dont seuls les adhérents peuvent prendre les décisions. Il a exposé le contenu de ses entretiens, la veille, avec les dirigeants de Cooperl et Bigard ; le ministre assure que Jean-Paul Bigard s'est engagé à acheter son volume habituel de porcs hebdomadaire (90 000), mais ne souhaite plus participer au cadran. S. Le Foll rapporte une situation « « difficile » à la Cooperl, « avec beaucoup de stocks dans les frigos ». Le ministre annonce une nouvelle rencontre avec ces deux entreprises la semaine prochaine.

La FNP se défend de vouloir « tuer la filière »

Dans un communiqué du 13 août, la Fédération nationale porcine (FNP) explique qu'elle est accusée de vouloir « tuer la filière » en demandant le maintien d'un prix de 1,40EUR/kg au cadran de Plérin, et s'en défend ; elle estime au contraire avoir effectué « un vrai travail commercial » pour la filière en faisant la promotion du « porc français », et en plaidant pour des promotions durant l'été afin de dégager le marché. Les éleveurs de la FNP se disent « conscients que l'embargo russe et la distorsion de concurrence sur les coûts de main d'œuvre sont un handicap », mais remarquent que « le prix actuel ne pose pas de problème à certains opérateurs ». « Pourquoi alors 100% des porcs français devraient être victimes d'un cours mondial? », demandent-ils. La FNP estime en conclusion « que le cadran doit encore monter ».

L'Onep demande un plan de stockage de viande fraîche

L’Onep (section porcine de la Coordination rurale) demande « un plan de stockage de viande fraîche » pour faire face à la suspension de la cotation au marché au cadran de Plérin, indique-t-elle dans un communiqué du 13 août. Pour elle, « les agriculteurs ne peuvent pas garder les porcs dans leurs fermes » car « il revient très cher à l’éleveur de continuer à les nourrir ». A plus long terme, l’Onep demande un étiquetage pour identifier la « qualité et l’excellence française » et, au niveau européen, des mesures de régulation et « l’harmonisation des charges sociales ». Elle estime que la part des charges dans les salaires nets est de 57% en France contre 40% en Allemagne et 36% en Espagne.

Pour la Confédération Paysanne, il faut restructurer la filière

La Confédération paysanne, qui voit « une entente » pour « faire baisser des prix » dans le retrait de Cooperl et Bigard du marché de Plérin, estime que « le marché au cadran est un outil […] dépassé pour confronter l’offre et la demande ». Dans un communiqué du 13 août, elle demande « un travail structurant » pour la filière porc avec des prix couvrant les coûts de production, une réorientation des productions « au plus près de la consommation », le « développement de la qualité », « une stratégie de substitution aux importations » et « des mesures de préventions des crises » à travers « un ajustement de l’offre à la demande ». A court terme, la Conf' plaide pour l’encadrement de la production européenne.

 

Le prix moyen du porc en 2015 inférieur de 11% à début 2014

Le prix moyen du porc au cadran depuis le début de l'année (1,236EUR/kg) est inférieur de 11,78 % au prix constaté début 2014, note le marché du porc breton (MPB) dans sa note de conjoncture mensuelle parue le 13 août. En cause: « une hausse de la production européenne et (...) la perte du marché russe créant un déséquilibre offre/demande », explique la note. Le MPB remarque qu'en un an (du 6 août 2014 au 6 août 2015), le cours breton n'a baissé que de 2 cts/kg, alors que les cours des autres pays européens ont baissé d'environs 20 cents/kg (-17 cts/kg en Espagne, - 25 cts/kg en Allemagne). Et de conclure: « dans un marché européen concurrentiel, la situation actuelle du prix français va-t-elle être durable ? »
Source : Agra