Pour que l'accueil d'un stagiaire ne soit plus une galère

Visiblement, Christophe, éleveur dans les Terres froides, est soulagé. Certes il a « sacrifié » une journée de travail pour suivre la formation destinée aux maîtres de stage organisée au Legta de la Côte-Saint-André, mais le bilan, à ses yeux, est largement positif. « Très intéressant. Ça me paraît bien plus simple à présent, notamment pour remplir le document unique ou la demande de dérogation. » Pratique et pragmatique, la journée visait à transmettre aux agriculteurs les fondamentaux permettant d'accueillir un stagiaire dans les meilleures conditions. L'occasion, pour les futurs maîtres de stage, d'aborder les aspects réglementaires liés à cet accueil, mais aussi de découvrir comment les jeunes sont formés par le Legta. « Nous avons voulu montrer aux éleveurs ce que les élèves apprennent et insister sur les techniques pour lesquelles ils ont besoin de s'entraîner pour acquérir de réelles compétences professionnelles », explique François Humeau, directeur de l'exploitation agricole du lycée agricole.
Document unique
Toute la journée, une petite vingtaine d'éleveurs ont alternativement suivi cinq « ateliers ». Ils ont ainsi pu voir comment les jeunes s'y prenaient pour isoler une vache, trier des brebis ou réaliser un soin sur une installation fixe. Si leur intérêt pour ces démonstrations ne s'est pas démenti, leur attention s'est surtout portée sur les deux ateliers « réglementaires » : « Les étapes clés pour l'élaboration de son DUER » (1) et « L'aide à la demande de dérogation ». Au fait des difficultés rencontrées par les agriculteurs, les intervenants se sont en effet employés à dédramatiser le côté « compliqué » des documents officiels.
Au cours de l'atelier « Document unique », Aurélie Fortune, conseillère prévention à la MSA Alpes du Nord, a rappelé que l'élaboration de ce document avait une double vertu : identifier les tâches et leurs risques potentiels, mais aussi se poser les bonnes questions pour améliorer les conditions de travail, pour les salariés comme pour l'exploitant lui-même. « L'idée est que les maîtres de stage prennent conscience de leur propre parcours en termes de santé et que chaque changement sur un poste de travail soit l'occasion de sensibiliser les stagiaires sur les situations à risque. »
Dérogation
Concernant la demande d'autorisation de dérogation aux travaux réglementés, Gislaine Huguet et Laurent Drouard, enseignants au Legta, ont décrypté le formulaire point par point. « La loi interdit certaines activités aux mineurs, puisqu'en France, le travail des enfants est interdit en dessous de 16 ans, a rappelé Laurent Drouard. Mais ceux qui ont rédigé la loi savent que les jeunes ont besoin d'apprendre leur métier. Il y a donc des travaux qu'un mineur peut effectuer dans un objectif de formation professionnelle ou de découverte du monde du travail. » Le législateur distingue en effet trois catégories de travaux : ceux qui sont autorisés (conduite de tracteur, utilisation d'outils non animés, remorques fixes à deux ou quatre roues, nettoyeurs à haute pression...), ceux qui sont strictement interdits aux mineurs (travaux en hauteur dans les arbres, travaux sous températures extrêmes, travaux d'abattage ou d'équarrissage, conduite de quad, tracteurs sans dispositif de protection contre le renversement...) et les travaux réglementés qui doivent faire l'objet d'une demande de dérogation.
Jouer la transparence
Pour faciliter la vie des éleveurs, les deux enseignants ont également réalisé un tableau recensant plus d'une cinquantaine d'équipements concernés, classés en fonction de la nature des travaux nécessaires à la formation du stagiaire (alimentation, soin et contention des animaux, nettoyage des bâtiments, entretien des parcelles, travail du sol, semis, fertilisation, récolte...). Les éleveurs n'ont plus qu'à indiquer la marque, le type, le numéro de série et l'année de fabrication de l'équipement. « Attention à bien remplir les cases et être le plus précis possible pour jouer la transparence, conseille Ghislaine Huguet. C'est important en cas de pépin. Si la plaque d'un matériel n'est plus lisible, indiquez le : cela prouve votre bonne foi. » De toute, façon, au moindre doute, un seul réflexe : il faut appeler l'inspection du travail (2).
Marianne Boilève
(1) Document unique d'évaluation des risques.
(3) Coordonnée de la Direccte Isère : 04 56 58 38 38 ou rhona-ut38.direction@direccte.gouv.fr
VIDEO : Permis ? Pas permis ? L'accueil d'un stagiaire sur une exploitation agricole