Prix du lait : le combat continue

Alors qu'un accord sur le lait a été obtenu vendredi et que Françoise Soullier, présidente des JA de l'Isère, appelait les Français à faire preuve de « patriotisme alimentaire » en direct du Tour de France, les manifestations d'éleveurs se sont poursuivies un peu partout en France durant le week-end : opérations escargot sur les routes, péages gratuits et, surtout, contrôles de camions ou de grandes surfaces sur la provenance des viandes, etc. Les départements du Sud-Ouest ont été particulièrement touchés avec, souvent, des déversements de pneus, palettes, cailloux, pailles dans les grandes surfaces, le hard-discount étant particulièrement visé, mais pas seulement. Bon nombre de syndicalistes, majoritairement sympathisants des syndicats majoritaires FNSEA et JA mais aussi de la CR envisageaient de poursuivre les actions durant la semaine suivante.
Pour le président de la FNSEA, l'accord signé vendredi permet « de passer le cap », mais il n'en faut pas moins « un rattrapage sur les prix des produits laitiers » qui ont chuté de 12% depuis 18 mois. En accord avec Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, Xavier Beulin attend désormais des prises de décision au niveau communautaire car « la crise est européenne ».
Les industriels relativisent l'accord
De leur côté, les industriels laitiers ont tenu à relativiser l'accord de vendredi. Selon la FNIL, « les discussions entre les différents acteurs de la filière ne concernent qu’une partie des produits laitiers, MDD et 1er prix (beurre, crème, lait de consommation, yaourts natures et emmental) et exclut une part importante des produits de grande consommation ainsi que ceux destinés à l’export ». La fédération des industriels estime donc qu’il « est donc impossible à ce jour d’assurer un prix d’achat minimum au 1000 litres, comme annoncé par certains ». Les industriels du secteur laitier se sont cependant engagés à ce que les hausses consenties par la grande distribution soient entièrement reversées aux producteurs laitiers. Et de rappeler que « que les prix actuellement pratiqués dans les autres pays d’Europe du Nord ne sont de l’ordre que de 280 euros/1 000 litres de lait ».
Allègement de cotisations sociale
Par ailleurs, en réponse à la demande de la MSA formulée le 23 juillet, Stéphane Le Foll a précisé les modalités de mise en œuvre des reports de charges sociales (plus de 200M€) et de prise en charges de cotisation (16M€) accordés aux éleveurs. Ainsi, des échéanciers de paiement seront accordés sur « les cotisations personnelles de sécurité sociale des chefs d’exploitation ou d’entreprise agricole » qui en feront la demande. Les reports pourront être faits sur « des dettes de cotisations déjà constatées » et « des appels de cotisations à échoir jusqu’au 31 décembre 2015 ». La filière porcine recevra une enveloppe de prise en charge des cotisations de 5M€, qui s’ajoute aux 4M€ déjà débloqués pour la filière, tandis que les éleveurs bovins bénéficieront d’une rallonge de 3,5M€, qui double les fonds déjà mobilisés, a indiqué le ministère.
Les collectivités territoriales prêtes à jouer le jeu
De leur côté, les collectivités territoriales se disent prêtes à « montrer l’exemple » en favorisant « autant que possible les productions locale et nationale » dans la restauration collective, ont-elles annoncé le 24 juillet dans un communiqué de presse de l’AMF (maires de France), l’ADF (départements) et l’ARF (régions). Dans cette optique, elles demandent une évolution de la réglementation des marchés publics, « en lien avec la Commission européenne, afin que soit instauré un critère privilégiant la consommation nationale et locale sécurisé juridiquement ». A ce jour, l’origine géographique ne peut pas être mentionnée dans les appels d’offre affirment ces associations.
Source : Agrafil