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Interprofession

Quand bouchers et paysans se rapprochent

Président de l'organisation professionnelle des bouchers-charcutiers-traiteurs, André Froment est un des artisans du rapprochement entre les éleveurs et les bouchers de l'Isère pour la mise sur la marché d'une viande limousine ou charolaise locale et de qualité.
Quand bouchers et paysans se rapprochent

Quelle est la nature du contrat que vous allez passer avec les éleveurs charolais et limousins de l'Isère ?

Ce contrat de trois ans, que nous allons signer dans quelques jours, est à l'initiative de quatre bouchers : Pierre Bugeja à Eybens, David Cécillon à Vinay, Pascal Clavel à Voiron et moi-même. En face, nous avons trouvé des interlocuteurs qui partageaient la même volonté. Celle de produire des bovins de meilleure conformation dans le respect d'un cahier des charges (voir ci-dessous). Ces contrats Label rouge sont conclus avec des éleveurs déjà en Label rouge. Pour le moment, nos besoins sont limités, autour de 20 bêtes, c'est-à-dire cinq bêtes par boucher et par an. Nous attendons déjà deux bêtes pour le mois de novembre. Nous ferons le point au bout de six mois. Mais nous souhaitons arriver à 40 bêtes par an. Les prix seront ceux que nous pratiquons aujourd'hui et pourront être réactualisés tous les ans.

 

Comment est née cette initiative ?

Depuis des années, nous voulions faire quelque chose. Il s'agissait de proposer des solutions alternatives à la multiactivité des éleveurs. Nous avons décidé de nous mettre autour de la table et d'en discuter. Les bouchers souhaitent s'inscrire dans une démarche de circuit court avec les éleveurs. Pour eux, c'est une reconnaissance. Leur travail sort de l'anonymat. De plus, ce rapprochement marque le retour des bouchers sur les exploitations ! Et nous souhaitons que d'autres bouchers fassent l'effort de rejoindre notre groupe. Il y a de fortes attentes, de part et d'autre pour travailler ensemble, ouvrir les portes des exploitations et des boucheries et montrer notre savoir-faire.

Vous allez participer à l'opération Made In viande, pour quelle raison ?

Bien que la saison ne soit pas trop opportune, c'est une façon de montrer que chacun, éleveur ou boucher, est professionnel dans sa partie. Nous faisions déjà des opérations de découverte dans notre magasin de Meylan. Nous communiquons beaucoup. A l'avenir, j'aimerais faire venir un éleveur à la boucherie pour qu'il rencontre la clientèle et que chacun parle de son métier.

Propos recueillis pas Isabelle Doucet

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Le cahier des charges

Les bovins recherchés sont nés, élevés en France, mais sont restés au minimum six mois en Isère dans leur exploitation de finition. Ils sont abattus en Isère. Leur alimentation est essentiellement constituée de pâturage et fourrages conservés. L'ensilage de maïs est interdit 100 jours avant l'abattage. OGM et urée sont exclus et l'introduction de graines de lin souhaitée. Les races sont limousine et charolaise pures. La conformation est minimum R+. Le poids de la carcasse sera de 380 kg minimum pour les génisses et 420 kg pour les jeunes vaches (1 vêlage).