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Reproduction

Quand le bouc stimule, la chèvre ovule... toute l'année!

Une équipe de chercheurs de l'Inra vient de démontrer que des boucs sexuellement actifs empêchent l'arrêt saisonnier des ovulations chez la chèvre. Une voie non pharmacologique à explorer pour la maîtrise de la reproduction à contre-saison chez les espèces d'élevage.
Quand le bouc stimule, la chèvre ovule... toute l'année!

Jusqu'à présent, dans aucune espèce saisonnière, personne n'avait réussi à obtenir des femelles cycliques toute l'année. C'est désormais chose faite. Comme nombre de mammifères saisonniers des latitudes tempérées et subtropicales, les chèvres manifestent une saison sexuelle bien définie au cours de l'année : elles cessent leur activité sexuelle pendant plusieurs mois au printemps et en été (saison d'anœstrus). Pendant cette même période, les boucs réduisent également leur activité sexuelle. Des chercheurs mexicains du centre de recherche en reproduction caprine de l'Université Antonio Narro de Torreon, en collaboration avec des chercheurs de l'unité physiologie de la reproduction et des comportements (Inra/CNRS/Université François Rabelais/IFCE) du Centre Inra Val de Loire ont mené une étude sur le contrôle de l'activité sexuelle des chèvres en présence de boucs sexuellement actifs en période d'anœstrus. Chez certains mâles, ils ont induit artificiellement une activité sexuelle intense de janvier à juin en les ayant soumis à des jours longs pendant l'automne et l'hiver précédents. En plus, ils ont utilisé des boucs naturellement actifs de juillet à décembre. Ces boucs sexuellement actifs tout au long de l'année ont été placés avec les femelles de façon permanente, pendant un an et demi, de janvier à juin.

Chèvres cycliques toute l'année

Résultat : la présence permanente des mâles sexuellement actifs empêche l'apparition d'une saison d'anœstrus chez les chèvres qui sont alors cycliques toute l'année. Cet effet stimulant est particulièrement probant puisque, lorsqu'on retire les boucs, les chèvres stoppent immédiatement leur activité cyclique et entrent en anœstrus. A l'inverse, en présence de boucs « témoins » (ayant une activité sexuelle faible entre janvier et juin), ou en absence de boucs, les femelles manifestent leur anœstrus saisonnier habituel de plus de cinq mois.
Ces travaux montrent que le maintien d'une cyclicité ovulatoire des femelles est possible en période d'anœstrus. Ils mettent en évidence l'importance qu'il y a à rechercher les interactions existantes entre les stimulations multiples, afin de mieux comprendre les mécanismes intimes sous-jacents de la reproduction saisonnière. Enfin, ils invitent à explorer de nouvelles voies non pharmacologiques pour la maîtrise de la reproduction à contre-saison chez les espèces d'élevage.

Source : Inra