Pour la première fois depuis 2004, les musiciens du Louvre s'attaquent non pas à une, mais à deux œuvres en version scénique. Le diptyque Histoire du Soldat de Stravinsky et L'Amour sorcier de Falla, avec la chanteuse Olivier Ruiz, a été présenté le week-end dernier à la maison de la culture de Grenoble (MC2), tandis la formation se projette dans son autre grand rendez-vous, l'opéra Orphée et Eurydice, de Gluck, qui sera interprété les 20 et 21 mars 2014, toujours à la MC2.

L'orchestre, qui a fêté ses 30 ans en 2012, demeure dirigé par Marc Minkowski. En résidence à Grenoble depuis 1996, il excelle dans le répertoire baroque, classique et romantique, ses musiciens, jouant le plus souvent, avec des instruments d'époque. Les musiciens du Louvre de Grenoble restent une formation atypique dans le paysage des grands orchestres français. Cette structure légère, qui n'emploie que cinq musiciens permanents, les autres étant intermittents ou invités, fonctionne en grande partie grâce à sa billetterie, qui représente 70% de ses recettes. Elle a aussi, depuis trois ans, quelques mécènes, peu nombreux, mais fidèles, lui garantissant 5% de son budget. Enfin, les collectivités, Etat, conseil général, conseil régional et ville de Grenoble permettent à cet orchestre de proposer des prestations hors de ses salles habituelles, aux quatre coins du département, en milieu rural, dans les écoles, les hôpitaux et en milieu carcéral.

Avec les chorales amateurs

« C'est une saison qui pousse les musiciens du Louvre encore plus loin dans le concept tout public, tout format, toutes musiques », déclare leur tout aussi exceptionnel président, Pascal Lamy, ex-directeur de l'OMC. En marge des grandes productions, qui conduiront l'orchestre de Grenoble à Salzbourg en passant par Paris, puis l'Espagne et l'Allemagne, les musiciens se déplacent en petite formation pour des œuvres grand public comme les Quatre saisons de Vivaldi. « Les musiciens du Louvre ont pour vocation d'aller à la rencontre de tous les publics avec de plus petits projets », confirme Marie-Pierre Mirabé, responsable des actions culturelles et territoriales. C'est ainsi que depuis trois ans les MDLG s'associent à des chorales locales pour des concerts proposés dans les villages, les chanteurs amateurs partageant les exigences qualitatives des musiciens professionnels. Un programme « Mozart la nuit », permettra, en 16 dates, d'aller à l'écoute de la « Petite musique de nuit », une des œuvres les plus jouées au monde, des extraits de concertos, de sonates. « Les musiciens sont ravis de participer à ce type de programmes, qui leur permet de communiquer avec un public qui ne vient pas forcément à la MC2 », explique le chef d'orchestre Marc Minkowsky. La plupart du temps, ces formations sont dirigées par les chefs de pupitres des MDLG, comme le premier violon Thibault Noally. Ces prestations sont aussi proposées dans une version dédiée aux scolaires. Ainsi, Les fables de La Fontaine et violoncelle sont plus particulièrement adaptées au jeune public. Ce récital, accessible à tous les âges à partir de 7 ans, permet une découverte de la musique baroque (Rameau, Rebel, Barrière, Duport...) et du répertoire animalier (La Fontaine et le Roman du Renart). C'est aussi le flûtiste soliste des MDLG qui propose Une histoire de la musique à travers la flûte, au cours d'un voyage exploratoire dans les œuvres du XVIIe au XXe siècle. Enfin, les Jeux de contrepoint de Jean-Sébastien Bach, à travers des canons, fugues, duettos et sonates (hautbois, violon, bassin et clavecin) donnent un aperçu de la perfection atteinte par le maître de l'Art de la fugue.

Les musiciens donnent également rendez-vous aux amateurs de Johan Strauss pour le concert gratuit du nouvel an de la ville de Grenoble, le 10 janvier. A découvrir ou redécouvrir, les grands airs de valses et d'opérettes viennoises. Entre leurs concerts à la MC2, dans les villages isérois et les quartiers grenoblois, les musiciens du Louvre, qui sont très sollicités, effectueront également une tournée en Asie où Marc Minkowski est désormais accueilli comme une star.

Isabelle Doucet

Les musiciens du Louvre jouent en Isère