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BOVINS

Que faire des jeunes bovins ?

La coopérative Dauphidrom porte une attention très particulière à la question de l’engraissement tant il s’agit d’un enjeu stratégique pour la filière.
Que faire des jeunes bovins ?
<i>« Un prix d’achat ne se décrète pas, c’est bien le marché qui est le seul à décider »</i>, déclarait Eric Chavrot, président de la coopérative bovine Dauphidrom, lors de l’assemblée générale qui s’est tenue le 24 avril dernier à Viriville. <i>« Cette hausse des prix reflète une production française en berne »</i>, poursuivait-il. En 2012, Dauphidrom a commercialisé 18 336 bêtes soit un millier de moins qu’en 2011. Ce recul de 5% est à l’image de la tendance nationale. Pour autant, le chiffre d’affaires de la coopérative s’établit à presque 20 millions d’euros en augmentation de 6,4%, <i>« reflet de la hausse des cours »</i>. Eric Chavrot en appelle à la vigilance :<i> « quand les prix à la production sont très élevés, quand on connaît l’inflexibilité de la GMS (…), quand ces mêmes clients augmentent les délais de paiement, il y a de quoi être inquiet »</i>. Il salue au passage <i>« les relations commerciales plus partenariales</i> » engagées avec les filières qualité Carrefour, ou les démarches Alliances locales avec les centres E.Leclerc ou viande Bio. Pour autant, force est de constater que la filière viande connaît une forte restructuration : cessation de production laitière, diminution de l’offre et baisse du pouvoir d’achat interrogent les professionnels. C’est dans ce contexte qu’ils s’intéressent plus particulièrement à la question de l’engraissement des jeunes bovins. <i>« Il faudra bien faire quelque chose de nos jeunes broutards »</i>, lançait Eric Chavrot. Le marché italien est en retrait, d’autres comme la Grèce ont totalement disparu et la perspective d’engraisser les jeunes bovins (JB) en France peut apparaître comme une solution pour répondre à la demande du marché français tout en pérennisant les outils d’abattage. <br><h1> Jeunes bovins contre femelles<br></h1>Il existe en effet un déficit de viande bovine en France. <i>« Les vaches représentent 58% de la viande produite dans l’hexagone, mais il s’en consomme 77% »</i>, expliquait Jean-Yves Besse, le directeur de Dauphidrom. Le cheptel de femelles a connu un repli de 2% en 2012 et la même tendance est observée en 2013. Si bien qu’aujourd’hui, les abattoirs sont incapables de répondre à la demande. Quant aux jeunes bovins, il s’en produit deux fois plus que consommé. Des opportunités, en vif comme en viande, se présentent donc pour remplacer les vaches par de jeunes bovins, notamment au niveau de la GMS. <br><h1> L’exemple de l’Ouest </h1>Reste la question cruciale de la rentabilité de l’engraissement en France. Les exploitants de l’Ouest n’ont pas attendu ce renversement de marché pour pratiquer l’engraissement. Le Groupement des éleveurs de l’Ouest vient même en Rhône-Alpes-Auvergne chercher des broutards pour les ateliers d’engraissement de ses adhérents. En 2012, une étude a été menée auprès de 115 ateliers (naisseurs, engraisseurs-naisseurs ou seulement engraisseurs en charolais principalement) de façon à en décrypter les leviers de rentabilité. Il s’agissait d’étudier, au regard des charges engagées, quel pouvait être le revenu dégagé, la base du coût de la main-d’�"uvre retenue étant 1,5 Smic. Les conclusions montrent que les charges de structures, qui pèsent de 65 à 70% dans le total des charges doivent être écrasées par le niveau de production de viande vive. Il existe, de fait, de grandes disparités dans la maîtrise des charges, qui est déterminante pour la rentabilité de l’exploitation, en particulier chez les engraisseurs. Il apparaît que la majorité des engraisseurs parvient à dégager une rémunération équivalente à trois fois le Smic par unité de main-d’�"uvre, à la condition qu’elle corresponde à une production de viande de 290 JB, le coût moyen de production s’établissant à 186 euros pour 100 Kg de vif. Pour les naisseurs-engraisseurs, les coûts de production sont plus élevés, entre 208 euros et 360 euros pour 100 Kg de vif, la moyenne s’établissant à 322 euros. D’où l’importance de multiplier les têtes de bétail dans un objectif de productivité. <br>Pour favoriser l’engraissement local, Sicarev a mis en place un contrat « nouvel investisseur » pour sécuriser les revenus de l’engraissement grâce à une caisse de sécurisation. De plus le Contrat régional d’objectif filière (Crof) permet d’accompagner les éleveurs sur leurs projets, dans le cadre de l’autonomie alimentaire et d’investissements stratégiques comme les bâtiments. Les appels d’offres ont lieu en juin et septembre. <br><h6> Isabelle Doucet </h6><br><address>RACE LIMOUSINE / Rémi Fenouillet a pour mission de développer la filière limousine au sein du GIE Alliances coopératives. <br></address><h4>Des génisses limousines très suivies </h4><address> <i>« La limousine représente, à elle seule, une filière spécifique et segmentée, où l’on remarque un besoin d’adaptation entre l’offre et la demande »</i>, avance Rémi Fenouillet, technicien en race limousine, recruté par le GIE Alliance coopérative et basé à Champs (63). Le technicien se veut au plus près des 160 éleveurs de limousines du réseau dont 46 appartiennent à la coopérative Dauphidrom, considérée comme la principale coopérative limousine de Rhône-Alpes. Elle fournit en effet la majorité des génisses et jeunes bovins commercialisés par la filiale Sicarev. En 2012, pas moins de 723 génisses ont été abattues par Sicarev dont 204 avaient été mises en place par la coopérative. <i>« Les débouchés pour les génisses se développement et nous avons pour objectif de fournir la distribution 52 semaines par an »</i>, poursuit le technicien. Sa mission sera donc d’assurer l’appui technique et spécialisé en race limousine, de favoriser le dialogue entre les éleveurs de limousine en lien avec le bassin limousin, de façon à monter en production, de structurer la filière pour assurer une offre qui corresponde à la demande sur le plan qualitatif et quantitatif et enfin, d’assurer la promotion de la race. La présence de Rémi Fenouillet viendra ainsi combler un manque ressenti pas les éleveurs de limousine au sein de Dauphidrom. <br></address><h6>ID </h6>