Même en plein cœur de l'été, les allers et venues des clients sont impressionnants par leur nombre. Il faut dire qu'au bord de la nationale 7, entre Auberives et Vienne, à Chonas-l'Amballan exactement, le lieu est à la vue de tous les clients potentiels.

Nouveaux consommateurs

Prim'arché est ouvert. Ce nouveau magasin de producteurs, ouvert depuis les derniers jours de juillet, bénéficie encore de l'effet découverte. La banderole plantée dans un champ voisin, l'enseigne voyante sans être agressive, attirent l'œil. Aussi, nombreux sont les clients qui bifurquent dans la zone artisanale pour pousser la porte du magasin. D'autres, sont passés avant au Leader Price voisin avant de faire les curieux chez les producteurs. Ce voisinage n'est pas antinomique. Il peut surprendre, mais les clients de l'un ne rejettent pas forcément le modèle d'à côté. Car chez Prim'arché, le choix est large et de qualité. Et surtout, c'est la promesse d'un produit local, celui que recherchent les nouveaux consommateurs. « Plusieurs producteurs sont à Saint-Prim ou dans les environs (les communes limitrophes, ndlr) rappelle Jérôme Jury. Le plus loin est à 60 kilomètres. » Et l'éclectisme est roi : des produits laitiers, de la viande, des fruits et légumes, des produits préparés façon traiteur, des spécialités à base d'escargots, du fromage de brebis, de l'autruche, des glaces savoureuses, le consommateur se trouve devant un vaste choix. A 11 associés, le groupe qui s'est embarqué dans l'aventure a eu l'intelligence de ratisser large. Ils ont fait appel à 18 dépôt-vendeurs pour compléter leur palette en lentilles du Puy, en confiture de châtaigne de l'Ardèche ou en Noix de Grenoble AOC et même en champagne. Tout un repas peut donc être confectionné en une seule visite des lieux.

Aventure humaine

Il a fallu trois ans aux producteurs pour mettre sur pied ce projet. « Nous avions besoin de rassembler nos forces pour trouver des débouchés et mieux valoriser nos productions », souligne Jérôme Jury, arboriculteur à Saint-Prim. Le challenge n'était pas mince car comme dans toute aventure humaine, il a fallu que la mayonnaise prenne entre les individus. Beaucoup se connaissaient, mais pas tous. Il faut également investir, en argent et en temps pour un retour à moyen terme. « Nous sommes locataires du lieu, mais il nous a fallu réaliser 350 000 euros d'investissements pour l'aménagement et les mises aux normes, indique Jérôme Jury. Heureusement nous avons bénéficié de 125 000 euros d'aides réparties entre l'Europe, la Région et le Département. Le comité de territoire Isère rhodanienne a également mis la main à la poche ainsi que la commune de Saint-Prim qui a aidé le financement de l'étude. » Le projet a donc convaincu en amont de nombreux témoins de son émergence.

« Ses dimensions restent raisonnables et à la portée des producteurs, constate le porte-parole du collectif. D'ailleurs, même si nous avons une salariée pour tenir la caisse et gérer les relations avec les dépôt-vendeurs, il y a deux producteurs en permanence pour assurer le lien de proximité. » Mais devant le succès de fréquentation, les associés envisagent déjà l'embauche d'un salarié supplémentaire à mi-temps. Reste la plage d'ouverture. Encore « restreinte » à un accueil ininterrompu du mercredi au samedi, elle pourrait s'élargir à un jour de plus en semaine, ou au dimanche matin. « Mais les producteurs doivent se réserver des moments pour leur famille », lance aussitôt Jérôme Jury. Le choix ne sera pas facile.

Jean-Marc Emprin