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biodiversité

Répondre aux besoins d'innovation en agriculture pour faire face aux enjeux de l'apiculture

Production forestière, grandes cultures, aménagements, quel que soit le secteur, on ne peut pas envisager une agriculture qui n'évolue pas en fonction des nouvelles contraintes qu'elle rencontre. Pathologies végétales, parasites, espèces invasives... il faut répondre aux besoins d'innovation pour faire face aux nouveaux problèmes rencontrés par les agriculteurs.
Répondre aux besoins d'innovation en agriculture pour faire face aux enjeux de l'apiculture

La bactérie généraliste qui menace actuellement les productions d'oliviers dans le Sud de la France s'en prend également à plus de 300 espèces végétales, dont de nombreuses sont mellifères comme l'acacia, la lavande ou le troène. D'autres parasites sont spécifiques à une essence en particulier. C'est le cas de la graphiose de l'orme qui est transmise par le scolyte, petit coléoptère, ou de la chalorose du frêne, sans oublier le cynips du châtaignier qui remet en cause la production de miel en Ardèche. Le pollen et le nectar que les abeilles trouvent en forêt sont une ressource majeure pour les butineuses. Sans pollen, pas d'acides aminés pour maintenir les défenses immunitaires des abeilles et sans nectar, pas de production de miel : les conséquences pour la filière apicole peuvent se révéler dramatiques.

Des innovations variétales efficaces

Il en est de même dans le milieu cultivé. Le colza et le tournesol sont bien connus pour être des productions agricoles qui jouent un rôle clé dans la disponibilité d'une ressource alimentaire de qualité pour les colonies. Mais le développement d'espèces invasives comme l'orobanche, l'ambroisie ou encore le datura complique les itinéraires techniques pour les agriculteurs qui sont nombreux à délaisser ces cultures mellifères. Les surfaces de tournesol par exemple s'élevaient en 2017 à un peu plus de 550 000 ha alors qu'elles avoisinaient 1 150 000 ha dans les années 90. Les innovations variétales, en particulier les variétés tolérantes aux herbicides de post-levée, sont des avancées importantes qui permettent de limiter la baisse tendancielle observée sur les productions oléagineuses et mellifères. Elles sont autant visitées par les abeilles domestiques que les variétés plus anciennes. On y retrouve même légèrement plus de bourdons parmi les pollinisateurs sauvages selon les dernières observations du Réseau Biodiversité pour les Abeilles.

L'absence de solutions a des conséquences immédiates

Les aménagements mis en place par les agriculteurs ont aussi un rôle à jouer dans l'alimentation des abeilles. Le buis est par exemple très pollinifère. Sa floraison au printemps est particulièrement importante pour bien démarrer l'année apicole. Fortement présent dans les régions méditerranéennes et sur les petites montagnes de l'axe rhodanien, où il pousse spontanément, le buis permet d'assurer une bonne couverture des sols et de les maintenir lorsqu'ils sont fragiles. Mais face à l'arrivée de la pyrale et de ses dégâts, les solutions techniques sont malheureusement inexistantes.

« En agriculture, l'absence de solutions face à des ravageurs, des parasites ou des pathologies végétales conduit mécaniquement à une baisse de la ressource alimentaire pour les abeilles. L'apiculture paie très cher ces impasses techniques qui sont parfois la conséquence de contraintes déraisonnables en matière de recherche et de développement. Le besoin d'innovation est aussi fondamental pour l'avenir de l'agriculture que de l'apiculture. » souligne Philippe Lecompte, apiculteur bio et Président du Réseau Biodiversité pour les Abeilles.

 

La 7e édition de la Bee Week (Semaine européenne de l'abeille et de la pollinisation) se tiendra du 26 au 28 juin 2018 à Bruxelles. Elle est parrainé par l'eurodéputé Michel Dantin. Cet événement a été cofondé en 2012 par le Réseau Biodiversité pour les Abeilles, le Parlement européen, l'université de Liège, BeeOdiversity et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement.