Se donner les moyens de mieux produire

Des élevages de plus en plus importants. Une progression de 10 vaches par troupeau en l'espace de deux ans seulement, pour une moyenne de 53 vaches par exploitation, c'est le constat que tire Pierre Gonin, conseiller Ciel* et animateur du syndicat montbéliardes, lors de l'assemblée générale qui s'est déroulée la semaine dernière à Dolomieu. Et c'est bien le cas du Gaec des Bergeronnettes, où une quarantaine d'éleveurs de montbéliardes s'était réunie à l'invitation du syndicat. L'exploitation de René et Jérôme Huguet compte désormais 95 vaches laitières et un effectif de 200 bêtes avec les génisses. En 30 ans, la ferme est passée d'un quota de 220 000 litres à 809 000 aujourd'hui. Le tournant a été pris en 2008 avec l'installation de Jérôme, l'exploitation augmentant sa production de 100 000 litres chaque année. Il faut dire que depuis trois générations, les agriculteurs ont toujours sélectionné les vaches, la génétique devenant un élément essentiel de la conduite de l'exploitation. « C'est une passion, un désir d'évoluer, et c'est motivant », explique René Huguet. Les bêtes du Gaec des Bergeronnettes se sont souvent distinguées dans les concours.
L'an dernier, Finlande, aujourd'hui en deuxième lactation, a été sacrée championne de l'expo Umotest 2014. Elle fait partie des 12 montbéliardes régionales pressenties pour le concours général à Paris, en février prochain. La jeune première attaque sa carrière et présente un potentiel laitier avéré. Déjà très sollicitée, elle a donné six filles et va être collectée en semence sexée. « Elle a une activité chargée cette année », reconnaît Jérôme Huguet, qui ajoute « pas question de voir les génisses s'en aller pour les mettre en station ».
Sacrées laitières
Les critères génétiques choisis par les agriculteurs sont le lait, les mamelles et les aplombs. Ils se sont fixés des objectifs de production élevés, à 9 000 kg par vache. La moyenne est d'aujourd'hui 8 700 kg. Le lait est livré à Danone. De très belles laitières, la ferme des Bergeronnettes en compte quelques unes, à l'image de Timbale, 12 ans et 100 000 litres au compteur dont une troisième lactation à plus de 11 000 litres. Mais des vaches qui produisent sont des vaches bien dans leur stabulation. C'est la raison pour laquelle une attention particulière est apportée aux aplombs, en termes d'indexation certes, mais aussi de bien-être animal. Le bâtiment datant des années 70 a été largement aménagé pour recevoir les vaches dans des logettes paillées. Mais sur un sol dur et dans un bâtiment aux dimensions limitées, l'installation de tapis en 1988 a permis aux vaches de se coucher, améliorant leurs aplombs.
Le Gaec investit régulièrement dans ses installations. Les derniers aménagements ont portés en 2009 sur la fosse géo membrane, la nurserie, la ventilation, l'agrandissement de la stabulation et la stabulation des génisses en 2012. En 2013, la salle de traite, en 2x7, a été rénovée pour une meilleure organisation du travail. L'alimentation des laitières s'effectue à base d'ensilage maïs auquel est ajouté un ensilage de luzerne, du brut de foin de luzerne et de la paille. La ration compte également du maïs grain humide, un mélange de tourteau et un complément minéral. La ferme, d'une SAU de 135 hectares compte 48 ha de maïs dont 26 sont ensilés, 16,6 sont vendus en grain et 5,4 font du grain humide. 21 ha de blé sont cultivés pour être vendus et 13 ha d'orge servent à l'autoconsommation. Il y a 35 ha de prairies, 8,7 de tournesol et 9,3 de luzerne.
Des génisses au top
Le Gaec porte une attention particulière à ses génisses très nombreuses. Avec un index ISU de 122 pour les vaches laitières, qui place l'élevage dans le haut du tableau isérois, et de 128 pour les génisses, le Gaec mesure un investissement de 20 années dans la génétique. Aujourd'hui, plusieurs souches se côtoient dans l'exploitation. Satisfaction supplémentaire : les inséminations artificielles (IA) ont très bien marché en 2014 sur le troupeau de génisses où, sur 25 embryons posés, 19 ont donné lieu à une gestation. Les premières inséminations ont lieu en moyenne à 19 mois. En tout, l'exploitation a procédé à 127 IA en 2014, dont 32% en semences sexées et 17% en semences conventionnelles. Le Gaec compte également des vaches receveuses dont 10% pour la production de charolais.
Isabelle Doucet
* Ciel : Isère conseil élévage
Une vente aux enchère au mois d'avril
C'est une première pour l'association des éleveurs de montbéliardes de l'Isère. Le syndicat organise une vente aux enchère, le 15 avril prochain, à la MFR de Mozas. « Une commission de recrutement pour les animaux va tourner dans le département. Ils devront être inscrits auprès de la Sicarev avant le 15 février », indique Stéphane Richard, le président de l'association. Il s'agira d'une vente aux enchères montantes, qui concerneront principalement des génisses à haute valeur génétique « il y a toujours des acquéreurs pour ce type d'animal. Et puis cela permet de faire rentrer de nouvelles souches dans les troupeaux », poursuit-il. Certes, ce sont des animaux inscrits issus de programmes de sélection montbéliardes, « mais il y en aura pour toutes les bourses et nous essaierons de contenter un maximum d'acheteurs », promet Stéphane Richard. Pour la logistique, l'assocation des éleveurs de montbéliardes sera épaulée par les élèves de la MFR et pourra compter sur les organismes partenaires de l'élevage en Isère. « En organisant cette journée montbéliarde, puisque le matin il y aura probablement des animations avec des vaches adultes, nous souhaitons attirer le maximum d'éleveurs du départements et notamment ceux qui ne sont pas forcément intéressés par les concours », explique le président. Lors de l'assemblée générale, la quarantaine d'éleveurs présents se sont montrés très intéressés par cette future vente.L'autre temps fort, qui réunit toujours un grand nombre d'éleveurs, sera la journée en Suisse, le 11 février, avec la visite de deux exploitations. Enfin, la vie de l'association est toujours ponctuée de concours. En 2014, deux bêtes, Croixrousse du Gaec du Dauphiné, a été grande championne du Montbéliard Prestige à Besançon et Finlande, championne de l'expo Umotest 2014. Rendez-vous pour l'heure au salon de l'agriculture à partir du 21 février, au concours départemental de l'Isère au mois d'août et au sommet de l'élevage au mois d'octobre.