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Services à la personne

Sereale ou la culture du coup de main

La nouvelle entreprise de services à la personne s'inscrit dans le créneau du coup de main rémunéré entre particuliers, facilitant la légalisation des petits dépannages ponctuels.
Sereale ou la culture du coup de main

« Faciliter les coups de main rémunérés entre particuliers » : la start-up iséroise Sereale inscrit son activité dans le vaste créneau inexploré de la « légalisation des petits boulots ». Elle est l'acronyme de Service réactif d'aide locale. « C'est le marché du coup de main, c'est-à-dire du service occasionnel », présente Pierre-Philippe Clémont qui a créé cette entreprise à Grenoble, il y a tout juste un an avec deux associés, Julien Ficheux et Jean-Yves Clémont. Le champ d'intervention de Sereale couvre les activités de services à la personnes telles que définies par la loi de 2005. Cela concerne les petits gestes comme les interventions sur un ordinateur, la garde d'enfants de plus de trois ans, le montage d'un meuble, la livraison de courses, les petits travaux de jardinage, le ménage, le repassage, les cours à domicile, ou le soutien scolaire. « Ce sont des tâches très simples, nous n'empiétons pas sur les métiers de l'artisanat. Ce sont des gestes que l'on pourrait demander à un voisin un peu bricolo, mais qui ne requièrent pas de compétences particulières », insiste le créateur.
Facilitatrice, la jeune entreprise se charge de mettre en relation les particuliers avec les apporteurs de service. Sa valeur ajoutée réside dans la sélection des candidats prestataires occasionnels et dans la simplification des démarches administratives. Chaque prestation est déclarée à l'Urssaf. « Nous nous attaquons à la part non déclarée du service à la personne », insiste Pierre-Philippe Clémont. Les prestations sont couvertes par une assurance et font l'objet d'un crédit d'impôt de 50% pour l'utilisateur. Les paiements sont sécurisés et l'opération se traite en un clic. Concrètement, le particulier dépose sa demande et/ou choisit un prestataire référencé sur la plateforme Sereale. Celle-ci se charge de la mise en relation. Elle réalise aussi l'ensemble des déclarations sociales pour le compte des utilisateurs.

Manque de temps

« Nous enregistrons de plus en plus d'utilisateurs – 1 300 personnes - et d'annonces déposées, environ une par jour. Cela se concentre pour l'instant principalement à l'échelle de Grenoble, mais commence à se diffuser dans d'autres secteurs », poursuit Pierre-Philippe Clémont. Le public cible sont les seniors actifs ou non, les parents de jeunes enfants ou les personnes seules, brefs, tous ceux qui manquent de temps ou ont besoin d'un coup de main. En face, la main-d'œuvre est composée d'étudiants et de retraités ou d'actifs qui cherchent un complément de revenu, voire des demandeurs d'emploi qui reculent ainsi leurs fins de droit.
Si Grenoble reste le laboratoire expérimental de Sereale, le service devrait se déployer cette année en région et à terme à l'échelon national. « Il y a aussi très probablement de la demande en zone rurale, nous devons l'expérimenter. Il existe beaucoup de besoins, mais il faut que tout le monde puisse s'y retrouver. » C'est la raison pour laquelle l'entreprise opèrera d'ici à la fin de l'année une levée de fonds d'au moins un million d'euros pour financer son lancement. L'année 2014 a été réellement consacrée au développement de la plateforme internet et du modèle de fonctionnement de la société. « Nous nous positionnons sur un secteur qui, jusqu'à aujourd'hui, était non déclaré à 99% car trop compliqué à mettre en œuvre. Nous apportons une vraie valeur ajoutée sociétale : pour les uns, cela représente un complément de revenu, pour d'autres, c'est une réponse à un besoin à un moment donné et c'est aussi une des solutions aux problématiques de vieillissement de la population et de maintien à domicile », ajoute le Pierre-Philippe Clémont. L'entreprise ambitionne de créer plus de 100 emplois en équivalent temps plein d'ici trois ans. Elle a été distinguée à plusieurs reprises pour son caractère innovant et son ambition sociale.

Isabelle Doucet