Producteur laitier à Montferrand, administrateur de Sodiaal et secrétaire général de la FNCL, Laurent Vial est toujours présent pour répondre aux interrogations des producteurs laitiers. Depuis quelques mois déjà, la puissante coopérative laitière a élaboré son plan stratégique, baptisé Sodiaal 2020, anticipant la sortie des quotas. Il s'agit, pour l'entreprise, tant de rappeler ses objectifs industriels, que de définir les termes des relations qu'elle construit avec ses sociétaires.
« La fin des quotas laitiers est une échéance importante que nous ciblons depuis quelques années », note l'administrateur, pour qui ces échéances interrogent « la capacité de la coopérative à aller vers le marché et à répondre à ses attentes (...) Comme la ferme France, la fin des quotas, nous n'en voulions pas. Mais nous nous sommes mis en mode changement depuis les accords de Luxembourg en 2003 et l'arrêt de la restitution des stockages beurre-poudre ». Une date qui marque le début de la construction des fromageries dans les pays du Nord. « Sodiaal a cessé d'être mono-produit et dépendant d'un seul clients. Notre premier axe stratégique a été la dilution du lait de consommation, qui est passé de 50 à 27% de notre activité, grâce à des opérations de fusion-acquisition. Aujourd'hui notre tête de filière est le fromage, dont nous comptons certaines AOP comme le Beaufort, le Cantal ou l'Entremont qui nous donnent accès au grand export. »

Optimisation des exploitations

Dans ce défi de l'adaptation permanente au marché, la coopérative travaille à son nouveau plan stratégique pour apporter à ses sociétaires une visibilité pour l'après avril 2015. Clairement, la coopérative donne la priorité aux JA, à la transmission d'entreprise « et au changement de logiciel d'installation ». En effet, chaque nouveau projet sera construit avec un plafond, 300 000 litres par UTH, « le plus fort jamais vu dans la région », précise Laurent Vial. Si la moyenne s'établit encore à 130 000 litres, la fin des quotas laisse peu à peu la place à une gestion entrepreneuriale. Car la coopérative favorise la consolidation et l'optimisation des exploitations avec « la production de litrages supplémentaires sans engager d'investissement. Il s'agit donc d'une gestion administrée, à partir du moment où certains producteurs arrêtent ». Sodiaal veut aussi permettre à d'autres producteurs de faire de la croissance en termes de volumes, à la faveur de la rupture des quotas et des nouveaux marchés qui se dessinent. « Mais au rythme de la capacité de Sodiaal à trouver de nouveaux marchés. En Isère, 3% des producteurs de Sodiaal ont demandé à accroître leurs volumes, en moyenne de 60 000 litres. » La coopérative incite donc ses sociétaires à tendre vers un modèle « où l'agriculteur est au cœur de sa ferme, en lui donnant les moyens de créer son projet ». En échange, Sodiaal garantit le même traitement, quelle que soit la région, grâce à la mutualisation des coûts de collecte sur l'ensemble des secteurs.

Isabelle Doucet

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