Taxes USA : entre négociations et sanctions
Après l’annonce de l’administration américaine d’une taxe de 20 % sur les marchandises européennes, l’Union européenne prépare sa riposte.

Au lendemain de l’annonce par l’administration américaine d’une taxe de 20 % sur les marchandises, produits agricoles inclus, en provenance de l’Union européenne, la riposte européenne s’organise, entre volonté de fermeté et recherche d’un accord plus durable. Dans un communiqué, la FNSEA a encouragé la Commission européenne - dont c’est la compétence - de « tenir une position ferme de riposte face à cette volonté de guerre commerciale » tout en engageant « une stratégie de réponse diplomatique menant à une désescalade ». La fédération appelle dans le même temps les pouvoirs publics « à envisager dès à présent des mesures d’accompagnement des secteurs touchés, via des mesures de compétitivité de simplification et de soutien aux moyens de production ».
Cette réponse à deux faces, commerciale et diplomatique, semble bien être la voie sur laquelle Bruxelles entend s’engager. « Nous sommes déjà en train de finaliser un premier paquet de contre-mesures en réponse aux droits de douane sur l'acier et nous nous préparons maintenant à d'autres contre-mesures, pour protéger nos intérêts et nos entreprises si les négociations échouent », a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne le 3 avril. « Il n'est pas trop tard pour répondre aux préoccupations par les négociations », a-t-elle cependant complété, précisant que le commissaire au commerce, Maros Šefčovič, était en contact permanent avec ses homologues américains avec la volonté « de réduire les obstacles, et non à les élever ».
Attention aux effets induits
Le même jour, le président de la République a confirmé cette stratégie lors d’une réunion à l’Elysée en présence de membres du gouvernement et de représentants des filières impactées par les mesures tarifaires, à laquelle participait notamment Jérôme Despey, vice-président de la FNSEA. Outre la réplique portant sur l’acier et l’aluminium, la réponse aux tarifs annoncés par l’administration Trump « se fera à la fin du mois, après une étude précise, secteur par secteur, et un travail avec l'ensemble des États membres et, évidemment, des filières économiques », a précisé Emmanuel Macron. « Je vous invite à faire remonter au niveau européen (…) toutes vos demandes et recommandations éventuelles », a-t-il indiqué aux filières avant de s’inquiéter « des surcapacités sud-asiatiques » notamment dans l’agroalimentaire « qui risquent de se rediriger vers l'Europe ».
L’Elysée a indiqué que le débouché américain représentait 1,5 % du PIB de la France contre 3 % pour l’Italie 4 % pour l'Allemagne ou encore 10 % pour l'Irlande. Si la France est globalement moins exposée, certains secteurs le sont plus que d’autres, notamment l’agroalimentaire, les vins et spiritueux. Les Etats-Unis représentent la sixième destination des productions agricoles et agroalimentaires françaises pour un montant de 5,42 Mds€ en 2023. Cela correspond à 6 % du chiffre d’affaires export de l’agroalimentaire de la France, dont la moitié pour les vins et spiritueux, loin devant les produits d’épicerie et les produits laitiers.
Actuagri
Recul de 800 M€ pour les vins et spiritueux français
La menace brandie par Trump de taxes américaines à hauteur de 200 % n’a finalement pas été au bout. Mais la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) juge tout de même que la décision des États-Unis d’appliquer un droit de douane général de 20 % sur tous les produits importés de l’UE « entraînera des conséquences extrêmement lourdes sur le secteur des vins et spiritueux français et européens ». « En France, on peut craindre un recul des exportations d’environ 800 millions d’euros (M€), ce chiffre passant à 1,6 milliard (Md) pour l’UE-27. Un tel recul aura un impact énorme sur l’emploi et l’économie du secteur. » En 2024, la filière française a exporté quelque 2,4 Md€ de vin et 1,5 Md de spiritueux aux États-Unis, son premier marché à l’exportation (25 %). La FEVS souligne « l’importance de conserver un dialogue bilatéral ouvert et constructif autour d’un agenda positif sur les sujets de commerce transatlantique », « favorisant l’accès équitable et réciproque aux vins et spiritueux par l’élimination des droits de douane des deux côtés de l’Atlantique ».
Agra Presse