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Toute une palette de risques

Laurence Théry, maire du Touvet. Elle reçoit le 59e congrès des maires de l'Isère qui se déroulera dans sa commune le 8 octobre.
Toute une palette de risques

Pour quelle(s) raison(s) avez-vous choisi d'accueillir le congrès de l'association des maires de l'Isère (Ami) ?

D'abord pour une raison symbolique. En effet, la situation des communes peut apparaître complexe car la réforme des administrations remet en question des pratiques qui existent depuis des années.
Mais aussi parce que c'est bien qu'une commune moyenne à l'échelle du Grésivaudan (3 200 habitants) accueille ce congrès, car l'Ami apprécie avoir des retours d'expérience de communes de cette taille, à l'interface du rural et de l'urbain.

Quelles pratiques souhaitez-vous faire partager ?

Nous sommes une commune très en avance en matière de recyclage de déchet et de compostage. Nous souhaitons aussi communiquer sur notre projet pour la préservation de l'agriculture et sur la prévention des risques.

Justement, de quelle manière êtes-vous concernée par le thème du congrès, à savoir la gestion des risques ?

Nous avons monté notre plan communal de sauvegarde (PCS) seul. Pas moins de onze risques sont identifiés comme risques majeurs. A l'image de l'ensemble du Grésivaudan, nous sommes soumis aux risques torrentiels et comme les trois quarts des communes de l'Isère, au risque inondation. Si le torrent du Bresson déborde, nous sommes aussi soumis au risque de crue centennale, sans oublier quelques risques industriels en raison de la proximité d'installations classées, un peu de glissement de terrain, des barrages plus haut en Savoie, risque sismiques, soit une jolie palette, comme dans tout le département.

Quelle est la capacité d'action d'une commune en matière d'agriculture ?

Depuis trois ans, deux conseillers travaillent avec les agriculteurs sur notre projet d'agriculture communale. Au Touvet, 44% des espaces sont en zone agricole. Nous menons des rencontres bilatérales, avec la Safer, la chambre d'agriculture etc. et notre diagnostic agronomique, effectué en 2002, a été réactualisé en 2015. Le facteur inquiétant est le grignotage de la plaine. Les ENS ont encore amputé les terres agricoles, de même que l'urbanisation. Il nous faut explorer tous les outils du foncier pour remettre en valeur les terres incultes et rétablir les friches à vocation agricole. Nous menons de vrais projets sur les coteaux pour accueillir de nouvelles productions : petits fruits, vigne, éleveur de porcs.

Assiste-t-on à une prise de conscience des élus quant à la rareté du foncier ?

C'est une prise de conscience récente. Nous avons mis 30 ans à ne pas voir que nous sommes en train de miter l'espace. Les études et les analyses du CAUE ont été pertinentes pour la prise en compte du foncier et l'articulation des zones dans le PLU. Nous ne pouvons plus nous permettre de gaspiller le foncier. Par exemple, il faut densifier, réguler les zones d'activité, ne plus faire de réserves foncières au mépris des terres agricoles. Il y a également eu une prise de conscience du rôle de l'agriculture pour l'entretien des paysages.
La loi Alur nous aide beaucoup, notamment pour rendre des terres à l'agriculture dans le cadre de la modification des PLU. Mais c'est aussi un engagement à l'échelle de la communauté de communes du Grésivaudan, dont je suis vice-présidente chargée de l'aménagement de l'espace. C'est de la dentelle point par point et il faut bien connaître le terrain.

Comment va se dérouler l'accueil du congrès ?

Nous attendons 1 100 congressistes, ce qui représente 1 400 personnes avec les exposants. Deux chapiteaux seront installés sur le terrain de sport stabilisé pour recevoir le congrès d'une part, les stands d'exposition d'autre part. La salle polyvalente, de 900m2 sera idéale pour la restauration. Le site sera très bien sécurisé. L'Ami prend à sa charge une très grosse part du budget du congrès. Le reste à charge pour la commune s'élève à 7 000 euros et 15 000 euros pour la communauté de communes. Cela représente surtout beaucoup d'investissement en temps et en hommes. Nous avons à cœur de montrer qu'une petite commune arrive à mutualiser ses moyens et trouver des solutions innovantes.

Propos recueillis par Isabelle Doucet