« Travailler le marché intérieur »

« C'est une crise agricole historique, toutes productions confondues. Si rien n'est fait, ce sera compliqué. » Pour Michel Joux, « Il n'y a pas de solution miracle ». La bio, les circuits courts, la RHD, c'est bien, mais les filières longues restent prépondérantes. Et dans ces filières longues, les produits méritent certainement un meilleur traitement, à commencer par la traçabilité, qui permettrait que la valeur ajoutée profite aux agriculteurs.
La profession a maille à partir avec deux niveaux. L'industrie et la grande distribution. « Nous devons arriver à les forcer. Les inciter ne suffit pas. Qu'ils deviennent partenaires. » Le discours de la FNSEA est clair. Le combat pour la reconquête de la rentabilité porte sur les prix et la compétitivité, c'est-à-dire la diminution des charges.
« Nous retournerons à la grande distribution »
Sur le front de la grande distribution, le syndicaliste indique qu'en région, des accords de principe ont été passés avec quatre groupes sur la construction d'une méthode pour parvenir à un prix. « Si on n'y arrive pas, nous retournerons à la grande distribution. » Il a de très bonnes raisons de ne pas douter de la capacité de mobilisation d'un monde agricole excédé. Reste « à faire la même chose avec les industriels. Il faut construire un vraie relation entre eux et nous ». Michel Joux estime « que la coopération doit être moteur » dans cette démarche. « Nous devons aussi faire le ménage chez nous. »
Il dénonce également les « grandes entreprises » de la région, qui, « jusqu'à aujourd'hui faisaient n'importe quoi et maintenant, essaient de s'acheter une vertu ». C'est donc le moment « pour travailler le marcher intérieur », afin « que la valeur ajoutée revienne à toute la filière. Ce système, où le plus fort commande, doit cesser. Nous devons avoir une relation plus équilibrée avec l'industrie, la grande distribution et le consommateur ».
Pour Luc Smessaert, la partie est à jouer d'abord en région, avec les entreprises alentour. « C'est notre premier levier. Par exemple, il n'est pas normal de trouver en Rhône-Alpes du lait belge. Il faut s'appuyer sur nos outils économiques, les rénover, avoir une politique agro-alimentaire forte ».