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Vautour

Tréminis : le vétérinaire mène l'enquête

Formé en avril à l'expertise sur la responsabilité des vautours dans le décès d'un bovin domestique, François Tournelle, vétérinaire à Vif, a été appelé mi juin à Tréminis, pour une intervention sur veau aux trois quarts dévoré...
Tréminis : le vétérinaire mène l'enquête

Quand François Tonnelle, vétérinaire expert pour le réseau vautour en Isère, est arrivé sur les lieux du « crime », à Tréminis, l'éleveur, très remonté, était sûr de son fait : son veau venait de se faire manger vivant par les vautours. « J'ai été appelé pour un veau jumeau qui a été retrouvé aux 4/5e mangé à Tréminis, le 17 juin, raconte le vétérinaire. Visiblement, vu la grosseur de la tête, c'est un veau qui a tardé à sortir. Quand je suis arrivé, il ne restait que la peau, une partie de la cage thoracique et la tête. » Celle-ci est propre, pas de jet de sang autour: un élément qui indique que l'animal était vraisemblablement mort au moment de la curée. Mais le vétérinaire n'expose pas son hypothèse tout de suite: il préfère d'abord recueillir le témoignage de l'éleveur et lui expliquer deux ou trois choses concernant les vautours, autrefois appréciés pour leur rôle d'équarisseur naturel, aujourd'hui accusés d'être devenus prédateurs...

Recueil d'indices

Un minitieux travail de recueil d'indices commence. Gants et sac à la main, François Tonnelle, assisté du garde de l'ONCFS avec lequel il fonctionne en binôme, examine la configuration des lieux, les traces sur le sol, les lésions sur l'animal, l'état des sabots (s'ils sont érodés, même légèrement, le veau a pu se dresser sur ses pattes...), le sang, les marques de glissage, le sol remué... Le corps de la bête, ou plutôt ce qu'il en reste, est inpsecté sous toutes les coutures. « Vu la propreté de la carcasse, je pense que les vautours l'ont mangé mort, ou moribond, car il n'y a pas eu de jet de sang, estime François Tonnelle. Mais il faudrait faire appel à la police scientifique pour en être parfaitement sûr. » L'éleveur, rassuré de voir que l'on prend son appel au sérieux, se radoucit. Il écoute attentivement les explications du vétérinaire expert, pose des questions, argumente. « Quand nous sommes partis, il n'était plus si convaincu que son veau était vivant au moment de l'intervention des vautours », témoigne le vétérinaire pour qui ce constat est avant tout « politique » : « Nous sommes là surtout pour calmer les esprits et répondre aux inquiétudes des éleveurs. Ce genre d'expertise est finalement moins tendue que dans le cas d'un constat foudre qui peut donner droit à une indemnisation. »

Envol

Formé en avril dernier par Florence Gedoux, vétérinaire régulateur pour les départements de l'Isère et de la Savoie, François Tonnelle a pour la première fois mis en pratique ce qu'il a appris lors de l'expertise de Tréminis. Comme ses collègues, il sait déceler les signes d'une intervention de vautours ante ou post mortem, mais aussi à reconnaître la topographie "idéale" pour une colonie de vautours. Il s'avère qu'à Tréminis, le pré où s'est déroulé le drame correspond bien à ce schéma : un replat situé sous les crètes de l'Obiou, qui permet un envol facile des oiseaux, lourds et peu mobiles. C'est dans ce pré que, déjà l'an dernier, l'éleveur avait subi la perte d'une vache et d'un veau, lors d'un vêlage difficile. « Le problème avec les vautours, comme avec tous les animaux sauvages qui ont refait leur apparition, c'est que ça oblige les éleveurs à revoir leur pratique. Là, le pré est bien situé pour surveiller les vêlages, parce qu'il est juste à côté de la maison. Mais c'est aussi un terrain idéal pour une colonie de vautours...»

MB