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Légumes plein champ

Trois légumes, pas plus

Pour se diversifier et intégrer la culture de légumes dans une rotation de grandes cultures, il convient de raisonner avec pragmatisme.
Trois légumes, pas plus

Les légumes plein champ sont une des solutions de diversification mises en place à l'EARL Les jardins d'Arche à Bouvesse-Quirieu. Sur les 51 hectares de SAU, 4,5 ha sont consacrés aux légumes. Les parcelles dédiées à la culture des légumes, conçues dans une logique de mécanisation, s'étendent sur un à deux hectares.

La première recommandation délivrée par Mikael Boilloz, conseiller à la chambre d'agriculture de la Drôme est « de vendre avant de produire ». Il ajoute « il ne faut pas jouer sur un seul client, mais diversifier pour sécuriser et avoir une complémentarité entre les différents types de circuits, de produits. » L'EARL travaille ainsi avec des magasins spécialisés et des plateformes bio.

Les prérequis, pour qui se lance dans la production de légumes plein champs, sont : une exigence de qualité (qui dépend du choix de variété et de la conduite de la culture) ; le mode de conditionnement et d'approvisionnement ; la mutualisation pour vendre (moyens de transports etc.) « Tout cela est à mettre en perspective avec la faisabilité technique de la culture », prévient le conseiller. Il est très pragmatique : « Le légume qui fait le plus d'argent est celui qui pousse le mieux. Le premier facteur est la production à l'hectare. »

 

Courge, pommes-de-terre, carottes

Les assolements de 2 à 10 hectares ne recevront pas plus de trois légumes. Dans la rotation avec les grandes cultures, les délais de retour sont de 5 à 6 ans, sauf pour la courgette qui peut revenir tous les trois ans (assolement courgette, soja, blé par exemple).

L'EARL des Jardins de l'Arche cultive trois types de courges (potimarron, butternut et potimarron vert) sur un précédent soja ou légumineuse cette année. Les deux autres légumes cultivés sont la pomme de terre et quelques carottes.

Avant semis, les agriculteurs ont effectué un déchaumage. La parcelle de courges a également reçu un labour, souvent nécessaire en légumes bio pour maîtriser l'herbe. « Nous avons aussi passé deux coups de vibroculteur à une semaine d'intervalle », indique l'exploitante, Olivia Fournier. Cette conduite est valable pour quasiment l'ensemble des cultures.

Les courges ont été semées au semoir monosem 7 rangs au mois d'avril en semis direct et à 60 d'intervalle. « C'est une première expérience. Avant, nous étions à 80 et c'était plus facile pour le binage », constate Olivia Fournier.

La fertilisation consiste en l'apport d'environ 170 unités d'azote et des fientes de volaille, bovins et ovins, ainsi que des bouchons d'engrais organique. Les courges ont aussi reçu des oligoéléments en apport foliaire.

Les interventions post-semis sont un passage de herse étrille avant la levée pour détruire les herbes en surface. La levée s'effectue en 15 jours. Il y a ensuite un binage entre les lignes dès que la culture a levé uniformément. Une piocheuse « maison » intervient à cheval sur les rangs. Elle permet aussi un griffage afin de rabattre les pousses vers le plant.

 

Pallox ajourés

La récolte est précédée d'un gros désherbage manuel, pour lequel il faut compter entre 75 et 100 heures de travail par hectare, notamment sur les butternut qui poussent plus lentement. Le temps consacré à la récolte des légumes est estimé entre 200 et 250 heures par hectare.

Un tracteur est équipé d'un tapis de récolte et les légumes sont stockés en pallox ajourés puis dans un bâtiment en bardage qui favorise la ventilation. Les légumes y restent de la récolte aux premières gelées. Ils sont ensuite stockés dans un autre bâtiment équipé de chambres ventilées, d'un chauffage si besoin et d'extracteurs d'humidité. La production de courges s'établit entre 15 et 20 tonnes, vendue entre 1 et 2 euros le kilo.

Isabelle Doucet