Un dialogue sans parole

La méthode n'est pas récente : « Elle date des Egyptiens et de la domestication des buffles », indique Jean-Marie Davoine, formateur agréé par l'Institut de l'élevage et intervenant pour le compte de la Fédération des alpages de l'Isère (FAI). La position du « veau mort » fait partie des techniques d'apprivoisement des bovins diffusées auprès d'un large public durant tout l'été, mais également à l'intention de personnes s'occupant de tourisme dans les Alpes, comme lors de la dernière séance au pré du Mollard (Saint-Mury-Monteymond), en Belledonne. Ainsi, les derniers stagiaires (ou plutôt les dernières, car le groupe était constitué uniquement de jeunes femmes) venaient, pour la plupart, de collectivités locales iséroises et avaient à coeur de découvrir une animation qu'elles avaient proposé à leurs contacts tout l'été. « Il est dommage que les offices de tourisme ne soient pas plus réceptifs à cette animation présentée gratuitement, regrette Nicolas Rak, animateur à la FAI, mais cela vient de l'organisation globale, qui fonctionne plutôt secteur par secteur ».
Appréhension
On sentait une certaine appréhension chez grand nombre des stagiaires de la dernière journée, même si la présence de Jean-Marie Davoine, expert en la matière, les rassurait en partie. « On enlève les lunettes de soleil, expliquait-il, car c'est pris pour une paire d'yeux supplémentaires et donc est perturbant pour le bovin. Rappelez-vous, on ne regarde jamais l'animal. On va utiliser sa curiosité naturelle pour qu'il nous apprivoise. Vous avez une odeur humaine, il va la reconnaître et vous adopter ». La position du « veau mort » consiste donc à s'allonger à deux à terre, face contre le sol, afin de provoquer la découverte par le bovin, de cette forme qu'il ne reconnaît pas. L'exercice demande autant de ressources à la bête qu'aux humains, l'expérience provoquant une grande méfiance de part et d'autre.
Autre exercice, la marche à reculons dans le troupeau. Elle permet de prendre conscience de la zone de sécurité que maintient l'animal autour de lui lorsqu'un intrus y pénètre. Chaque individu s'écarte automatiquement. Une bonne façon de prendre confiance, notamment pour les stagiaires. Elles étaient ainsi préparées à l'exercice suivant, assez spectaculaire, celui du guidage d'une vache par le simple regard fixant l'épis sur son dos, véritable point d'équilibre de la bête. Chacune des participantes a ainsi pu agir comme avec une manette fixée sur la colonne vertébrale de la bête.
« C'est une expérience formidable, s'enthousiasme Valérie Lucas, chargée de la communication à l'Espace Belledonne. Nous pourrons mieux mettre en avant ces opérations auprès du grand public, afin que les relations entre les touristes et les troupeaux, en été, soient plus sereines ».
Jean-Marc Emprin