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Collectivités locales

" Un fruit pour la récré " à démocratiser

La distribution de fruits pendant les récréations des enfants dispose d'un cadre juridique, qui permet aux opérateurs de bénéficier d'une aide financière. Certaines communes se sont lancées et y ont pris goût.
" Un fruit pour la récré " à démocratiser

Ce n'est pas la première fois qu'elle organise l'opération. « Un fruit pour la récré » fait désormais partie des classiques de la commune d'Estrablin. « Cela fait quatre ans que nous distribuons des fruits aux 306 élèves de primaire et d'élémentaire. Si nous devions arrêter, nul doute qu'il y aurait une levée de boucliers, tant l'initiative plaît aux enfants et aux parents », affirme Miguel Mendy, chef de service à la mairie d'Estrablin. Et pour cause. Tous les jeudis matin des premier et troisième trimestres, les écoles de la commune sont livrées en fruits frais par l'association ReColTer (plateforme de produits locaux installée dans le territoire de Rhône pluriel). « Au menu, raisin blanc - sans pépin - du pays roussillonnais, poires, pommes, kiwis, et même jus de fruits et compotes, au premier trimestre, puis fraises, cerises, pêches et abricots au troisième », détaille Agnès Reboux, chargée commerciale à ReColTer. Après la livraison, une animatrice, secondée par des bénévoles du club des ainés ruraux d'Estrablin, prépare et distribue les produits aux enfants pendant la récréation de la matinée. 

Une démarche pédagogique

La même démarche est mise en œuvre dans les écoles de la communes de Chuzelles depuis plusieurs années, et depuis cette rentrée, dans celles de Septème. Selon Marie-Thérèse Odrat, adjointe aux écoles à la mairie de Chuzelles, « c'est intéressant et important de faire découvrir aux enfants les fruits frais, leurs différentes variétés et leur lien avec les saisons. Surtout qu'ils n'ont pas tous l'occasion de les consommer à la maison ». Les participants en charge de l'organisation estiment que la mise en œuvre n'est pas compliquée. Après avoir défini les modalités du programme (les classes concernées, les fournisseurs, le nombre de distributions par trimestre), s'être fait agréer auprès de FranceAgriMer via Internet, il faut retourner les justificatifs de l'opération pour bénéficier d'une prise en charge pour l'achat des fruits. Selon Marie-Thérèse Odrat, « le coût n'est pas énorme. En 2013, la commune a déboursé 2 300 euros pour distribuer des fruits toutes les semaines à 200 enfants. Comme, à l'époque, nous bénéficions d'une aide de 51 %, l'opération nous est revenue à 1 150 euros ». Si le cahier des charges ne comporte aucune obligation concernant l'origine des fruits, les communes iséroises qui se sont lancées dans l'aventure privilégient un approvisionnement local. Car pour elles qui sont situées en milieu rural, il est valorisant d'utiliser les produits des agriculteurs locaux. Sans cela, l'opération perdrait de son sens. « D'ailleurs, les producteurs qui livrent les écoles sont fiers de la destination de leurs produits », insiste Agnès Reboux. Par contre, la distribution des fruits doit obligatoirement être accompagnée d'une démarche pédagogique réalisée en étroite collaboration avec le corps enseignant. « Mais il y a beaucoup de souplesse dans les initiatives que nous pouvons proposer », souligne Miguel Mendy. La préparation de salades de fruits et de tartes, la présentation du travail de production et de récolte par les agriculteurs dans les classes, les visites d'exploitation, sont autant de possibilités. Du côté du pays viennois, la machine est lancée, et l'effet boule de neige en marche. D'autant que la présence de l'association ReColTer facilite la gestion de l'approvisionnement des communes.

Révision des modalités

Lancé en France en 2008, le programme « Un fruit pour la récré » est soutenu par des crédits européens depuis 2009. Décidé à ce que l'opération prenne davantage d'ampleur, Stéphane Le Foll a envoyé en septembre un courrier, accompagné d'une brochure explicative, aux communes de France pour leur faire (re)connaître le dispositif et ses nouveautés notamment la mise en place de forfaits pour le financement des achats de fruits et légumes, et une prise en charge à hauteur de 76 % au lieu de 50 % précédemment. A voir si la révision de ces modalités permet de convaincre davantage de partenaires - communes, intercommunalités, établissements scolaires, association de parents d'élèves - de se lancer dans l'aventure. Actuellement, ils sont une quinzaine de sites isérois a être agréés par FranceAgriMer.

Isabelle Brenguier