Un jeune paysagiste devient "Artisan de sa réussite"

Après la galère, l'horizon s'éclaire pour Sébastien Godard. Formé à la MFR de Vif, ce jeune paysagiste isérois vient de se voir décerner le premier prix « Artisan de sa réussite » par le réseau d'Aide aux artisans (@3). Un prix qui porte bien son nom puisqu'il est doté de tous les outils indispensables à un bon démarrage dans la vie entreprenariale. « Pour moi, ce prix est plus qu'un gros coup de pouce : c'est une énorme cerise sur le gâteau », confie le lauréat lors de la remise des prix, jeudi 8 octobre au siège de Vicat à l'Isle-d'Abeau, en présence du préfet et de nombreux élus.
Fort de 14 années d'expérience professionnelle, Sébastien rêvait de se mettre à son compte, mais n'en avait pas les moyens. Grâce à ce prix, il repart non seulement avec les clés d'un véhicule utilitaire flambant neuf, mais se voit aussi offrir un accompagnement juridique et financier, la gratuité de l'expertise comptable, un réseau de clientèle potentiel ainsi qu'un carnet de commandes rempli de projets fournis par les partenaires du réseau @3. Le « Graal » de tout chef d'entreprise. « Pour nous, il s'agissait de trouver les moyens d'aider un jeune à se lancer, explique Patrice Pouvesle, président-fondateur du réseau @3. Nous n'apportons pas d'argent directement, mais des outils et un réseau de compétences qui permettent au jeune de construire sa propre réussite. »
Il existe de nombreux dispositifs d'aide à la création d'entreprise en France. L'Etat, la Région, les collectivités territoriales, chacun développe sa palette d'offres (aides financières, allégements fiscaux, exonérations de charge, aide au conseil, mise à disposition de locaux...). Mais il est parfois difficile de s'y retrouver. Pour ceux qui débutent, rien n'est donc plus précieux que le coaching de professionnels installés et expérimentés. C'est ce qui a poussé Patrice Pouvesle, chef d'entreprise et homme de réseau, à prendre son bâton de pèlerin pour convaincre de belles entreprises locales d'aider les jeunes artisans dauphinois à créer leur propre affaire. Vicat, Samse, Auto Dauphiné, Schneider Electric, Banque populaire et Depagne ont tout de suite répondu présent : le réseau d'Aide aux artisans est né dans la foulée l'an dernier.
Dynamique et spontané
Très vite s'est imposée l'idée de créer un prix récompensant une initiative concrète en faveur de l'emploi local. Une trentaine de candidats ont répondu à l'appel. On retrouve toute sorte de profils (fleuriste, paysagiste, maçon, électricien...), les projets les plus farfelus côtoyant les plus sérieux. Bien évidemment seuls les plus convaincants ont retenu l'attention du jury. Pourquoi celui de Sébastien Godard est-il sorti du lot ? Parce que son projet tenait la route, bien sûr, mais aussi parce qu'il a séduit par son dynamisme : « Ce qui m'a plu chez lui, témoigne Grégoire Douillet, directeur commercial des ciments Vicat, c'est qu'il dégageait une envie. Au cours de l'entretien, il était cash, sincère, spontané. On sentait qu'il était habité par son projet qui, par ailleurs, est techniquement et économiquement viable. » Isabelle Aubrun, du réseau @3, glisse en apparté que l'histoire personnelle du jeune paysagiste n'est pas étrangère à l'adhésion du jury : « Il voulait reprendre l'affaire de son patron, qui lui avait tout appris mais qui, malheureusement, est décédé. Il ne savait pas comment d'y prendre. Sébastien, ce n'est pas un tondeur de pelouse. Il sait tout faire : l'entretien, bien sûr, mais aussi la création, l'aménagement, la petite maçonnerie. C'est un beau projet que le jury a vraiment eu envie de soutenir. »
Ce jour-là, carnet de commande en poche, un nouvel artisan paysagiste repart au volant d'un camion tout neuf. On voit qu'il a un peu de mal à atterrir. Conscient de cette « chance inespérée », il lance : « Une pareille aubaine, ça ne se représentera pas. Je vais tout mettre en œuvre pour réussir. » Les bonnes fées qui se sont penchées sur le berceau de sa toute jeune entreprise y veilleront.