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Mobilisation

Un manifeste pour l'élevage isérois

Le manifeste pour la défense de l'élevage traditionnel isérois dit le ras-le-bol des éleveurs attaqués par les activistes de la cause animale.
Un manifeste pour l'élevage isérois

Trop, c'est trop. Eric Chavrot, président de la coopérative Dauphidrom est venu « tirer la sonnette d'alarme face à l'action d'individus qui disent défendre les animaux. » En cause, et bien au-delà de l'agribashing rampant, ce sont les associations véganes dont les coups d'éclat jettent l'opprobe sur une profession qui « œuvre bien plus dans le sens du bien-être animal » que ceux qui la dénigrent. « Nous assistons à une escalade de la violence des actions », a déclaré Eric Chavrot devant l'assistance de la Nuit de l'agriculture, vendredi soir à La Côte-Saint-André. C'est la raison pour laquelle il a invité chacun à signer le « Manifeste pour la défense de l'élevage traditionnel isérois, pour la bientraitance des animaux, pour la consommation de viande et de produits laitiers ». Le document s'adresse aux consommateurs, « à nos concitoyens, qui partagent silencieusement pour la plupart notre idée de liberté de travailler ». Las, les professionnels de l'élevage ne peuvent plus « tout laisser dire et tout laisser faire ».

Une réalité quotidienne

Le manifeste rappelle entre autre que l'élevage en Isère représente plus de 150 000 bovins, 58 000 ovins, 40 000 porcins, 12 000 caprins, une filière avicole en plein essor et plus de 3 000 agriculteurs isérois ayant une activité liée à l'élevage. « La filière viande représente à elle seule 83 000 équivalents temps plein au niveau régional », est-il également mentionné. Le document insiste aussi sur les liens étroits qu'entretient l'agriculture iséroise avec les consommateurs. Exigence des uns, excellence des autres et confiance réciproque ont créé une dynamique vertueuse. « La qualité n'est pas simplement un terme générique : c'est notre réalité quotidienne », déclarent les éleveurs qui ne s'en tiennent pas seulement au niveau économique. « 77% des bovins élevés en France et 92% du lait collecté sont issus des fermes adhérentes à la Charte des bonnes pratiques d'élevage » est-il rappelé. Pourtant, cela se sait peu.

Et de décrire encore une profession sans cesse en adaptation liée aux problématiques de l'environnement ou du changement climatique. Enfin, le manifeste énumère les « externalités positives » de l'agriculture : entretien des paysages, valorisation des coproduits d'autres secteurs d'activité, création d'emploi, animation de la vie locale et surtout « le but premier de notre métier : nourrir la population ! ».

Monique Limon, jean-Pierre Barbier, Michel Dantin, Yannick Neuder ont tous signé le manifeste proposé par la profession en faveur d'une agriculture raisonnée et respectueuse de l'environnement.

« Respectueux des choix alimentaires de chacun, nous sommes profondément choqués qu'une partie de la population veuille imposer à l'immense majorité son mode de vie, pour ne pas dire son idéologie », déclare le manifeste qui oppose les actes de vandalisme et de violence aux valeurs de citoyenneté qui prévalent en France et dans un Etat de droit. « Nous demandons donc le respect du travail de toutes nos filières », avant de conclure : « L'issue de ce combat est très précisément entre les mains de nos concitoyens : par leur expression, par leur achat, par leur mobilisation, c'est un combat auquel la société ne peut échapper ».

Tous les présidents d'organisations professionnelles agricoles ont été signataires du document. L'ensemble des intervenants de la Nuit de l'agriculture leur ont emboité le pas, de même que les près de 400 convives, agriculteurs isérois ou acteurs du monde agricole.

Isabelle Doucet