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Zoom sur / La rose

Un musée à l'eau de rose

Trait d’union entre l’Orient et l’Occident, entre culture médiévale et notre époque contemporaine, entre la parfumerie et la pharmacopée, la rose éternelle s’épanouit au musée de Saint-Antoine-l’Abbaye.
Un musée à l'eau de rose
La rose est tendance. Mais ne l’a-t-elle pas toujours été ? À l’heure où la haute parfumerie signe de nouvelles fragrances teintées de roses, le musée départemental de Saint-Antoine-l’Abbaye met en scène la reine des fleurs, enrichissant l’actuelle exposition des grandes écuries « Quand le parfum portait remède » d’un espace dédié : « Au nom de la rose, entre Orient et Occident ».
C’est le nouveau chapitre d’une histoire qui s’écrit depuis 2009, alors que le musée revisitait les jardins médiévaux et les débuts de la pharmacopée. Forte de son succès, cette exposition sur le parfum est devenue permanente. Il y a trois ans, le musée recevait une délégation marocaine du conseil régional de Souss-Massa-Drâa désireuse de s’inspirer de l’expérience muséographique antonine. Il n’en fallait pas plus pour jeter des ponts entre les deux rives de la Méditerranée et rassembler le musée de Saint-Antoine et le futur musée d’Agadir autour d’un projet commun, pour la valorisation d’un produit absolu, la rose de Damas, la rose des roses. Il se concrétise rapidement à Saint-Antoine par une présentation multimédia. On retrouve dans ce nouvel espace la rose traitée d’un point de vue botanique, avec notamment un film « L’art de la rose » qui plonge le visiteur dans la vallée de la rose, dans la région de Souss-Massa-Drâa au Maroc. Utilisée également en parfumerie, en cosmétique et pour ses vertus thérapeutique à travers les temps, la rose est aussi déclinée en panneaux et photos, accompagnés de la reproduction de parfums oubliés. C’est ainsi qu’il y a à voir, à écouter, mais aussi à sentir : parfum à la rose, eau impériale ou eau de Cordoue, mais aussi le baume de Saint-Antoine ressurgi du Moyen Age.

La rose dans son jardin

Le prochain chapitre s’écrira en 2014 avec la réouverture du jardin arabo-andalou. « Il existait des jardins à Saint-Antoine-l’Abbaye aux XVIIe et XVIIIe siècles, que nous avons retrouvés dans trois représentations du site. Il s’agissait de jardins, potager, d’ornement, et utilitaire. Mais ils ont été détruits à la fin du XVIIIe siècle, précise Géraldine Mocellin, la directrice du musée. Nous avons recréé le jardin des simples en 2002, dans la cour des grandes écuries, mais il s’avérait nécessaire de le réorganiser, de le rendre accessible et de le rénover. Nous avons donc décidé de le fermer et de travailler sur autre chose. » Le projet avec le Maroc est arrivé à point nommé. Si bien que le nouveau jardin, agrandi et terrassé, réunira quatre thématiques : jardin des simples, jardin dit de paradis - reproduit d’après une iconographie du XVe siècle - , jardin du parfum - avec une large place accordée à la roseraie - et le ryad composé de ses zelliges, ses bassins et ses agrumes.
Le musée prévoit de travailler avec des rosiéristes locaux et des entreprises iséroises et rhônalpines pour la réalisation de ce projet financé par le conseil général, pour une enveloppe d’environ 100 000 euros. « Nous sommes à la recherche de financements supplémentaires et nous désirons nous tourner vers le mécénat », ajoute la directrice.

Un orgue à parfum

L’exposition « Au nom de la rose, entre Orient et Occident » a ouvert ses portes le 23 juin dernier et séduit tous les publics. Car le musée a réussi à rendre concret un produit aussi subtil que le parfum. C’est grâce à la collaboration avec de grands nez de la parfumerie que sont Daniela Andrier pour la maison Création fine fragrance et Dominique Ropion de l’équipe d’International flavors and fragrances (IFF), mais aussi d’Annick Le Guérer, grande spécialiste du parfum, que d’anciennes fragrances ont pu être réinventées et de nouveau données à sentir dans le cadre de l’exposition. Le musée bénéficie du partenariat de grandes maisons qui lui fournissent les parfums, mais aussi des flacons, véritables pièces d’orfèvrerie prêtées par la société Givaudan. Cette exposition ne cessera de s’enrichir, notamment avec l’arrivée prévue en 2015 d’un orgue à parfum interactif et ludique.

Isabelle Doucet
Le musée de Saint-Antoine-l’Abbaye
Accueillant 40 000 visiteurs par an, le musée est ouvert au public tous les jours de 14h à 18h , de mars à novembre, puis les 7 et 8 décembre. En août, il est également ouvert de 10h30 à 12h30.
Il réunit quatre expositions :
- Chroniques d’une abbaye au Moyen-Age, guérir l’âme et le corps (exposition permanente)
- Quand le parfum portait remède, jardins des cloîtres, jardins des princes, suivi du nouvel espace Au nom de la rose, entre Orient et Occident (exposition permanente)
- Europe des merveilles au temps de la curiosité (exposition temporaire)
- L’�"uvre de Jean Vinay, un hymne à la couleur (exposition temporaire)
Entrée gratuite.
Tél. : 04 76 36 40 68 http://www.musee-saint-antoine.fr

Encadré Insolite / Les cabanes de Fontfroide ont poussé dans les arbres antonins au printemps dernier, étoffant ainsi l’offre de séjour du village médiéval.

Des nuits atypiques

La noix, la châtaigne, la rêveuse ou la noisette sont les noms évocateurs donnés par Dominique Malfait et Stéphane Beux aux cabanes en bois qu’ils ont construites dans les arbres, juste au-dessus de la cité médiévale de Saint-Antoine-l’Abbaye. « Ce type d’hébergement n’existait ni en Rhône-Alpes, ni en Isère, alors qu’il y a une demande », déclare Stéphane Beux, arrivé en Isère avec son épouse il y a trois ans et demi pour mener à bien son projet de cabane. Ils ont jeté leur dévolu sur une forêt de 5,5 hectares de chênes, de châtaigners et de hêtres, abandonnée depuis 30 ans, qu’ils ont entièrement nettoyée et aménagée pendant un an et demi. Les deux hôteliers atypiques ont pu compter sur une municipalité facilitatrice pour que leur dossier aboutisse et ont fait appel à des entreprises locales pour la réalisation des cabanes et du bâtiment principal. Elles sont au nombre de six pour le moment, mais devraient être une dizaine d’ici peu. Ces petites chambres de 10m2 environ, équipées de terrasses et de toilettes sèches, sont perchées à six mètres de hauteur maximum. Elles peuvent accueillir des couples ou des familles pour une ou deux nuits. Depuis leur ouverture en mai dernier, elles attirent une clientèle venue de toute la France, mais aussi largement européenne, bénéficiant du relai du réseau Cabanes de France. « C’est un rêve d’enfant : habiter dans une cabane », explique l’hôtelier qui rencontre des hôtes à la recherche de prestations natures. En ce sens les cabanes de Fontfroide siéent à merveille à l’écrin antonin. www.cabanes-fontfroide.com
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