Un peu plus qu'un gîte pour enfants

Il n'en existe que deux en Isère et sont représentés par Geneviève Effantin, créatrice, en 1998 du gîte d'enfants Monténa des collines à Saint-Lattier, aux portes de la Drôme. Une activité rare et méconnue, probablement en raison des contraintes imposées par le paysage normatif et de l'investissement que requiert l'accueil d'enfants. Tous les étés et pendants les vacances de Pâques et Toussaint, Geneviève Effantin, 56 ans et de l'énergie à revendre, ouvre sa maison, chaque semaine, à quatorze jeunes âgés de six à treize ans. « Nous sommes une grande famille », explique cette femme d'agriculteur, lequel cultive 14 hectares de noyers et des céréales.
Le projet de gîte est né d'une reconversion professionnelle. Geneviève Effantin était éleveuse de lapins angora et productrice de laine angora quand elle a vu son activité décliner. « Nous avions un point de vente sur la route nationale. Lorsque l'autoroute a ouvert en 1992, j'ai perdu 60% de mon chiffre d'affaires... » L'arrivée d'une quatrième enfant précipite les choses. Une grande et belle maison, l'envie de développer une activité en toute autonomie, une rencontre avec les gîtes de France : c'est décidé, le projet professionnel portera sur l'accueil d'enfants. Pour rassurer les banques en termes de retour sur investissement, il a cependant été nécessaire de créer une structure polyvalente chambre d'hôtes-gîtes d'enfants. « Je voulais une piscine, des animaux, transformer le bâtiment agricole, créer une salle de jeu, un séjour, quatre chambres », ajoute Geneviève Effantin, dont l'optimisme, le dynamisme et la force de conviction lui ont permis d'obtenir des subventions des collectivités.
La vie rurale
En mai 1998, le gîte accueillait les premiers enfants. « Depuis nous sommes complets tous les étés, assure la responsable. Mais les gîtes d'enfants ont beaucoup évolué. Au départ, il s'agissait d'une gestion en bon père de famille. Il suffisait d'avoir son Bafa* ». A cela s'est ajouté la nécessité d'un diplôme de surveillant de baignade, puis de directeur, puis il a fallu formuler des projets éducatifs, pédagogiques... « Il y a de plus en plus de normes, surtout lorsqu'il s'agit d'un établissement recevant un public de mineurs et c'est pour cela qu'il y a si peu de gîtes d'enfants », constate Geneviève Effantin. Mais elle tient bon, traverse avec succès l'ensemble des commissions de sécurité, satisfait à toutes les exigences règlementaires, se « recycle » tous les cinq ans par amour de son métier. « J'ai envie de montrer la vie rurale. Les enfants apprennent comment nous vivons au quotidien. En observant les animaux, ils comprennent beaucoup de choses de la vie. Un vrai dialogue, une complicité s'instaurent, avec des mots simples. On parle de la nature. On est des agriculteurs ! » Ane, brebis, lapins, cochons, poules ravissent les jeunes pensionnaires. Pédagogue, la directrice est aussi une femme de caractère. « Il y a des règles à respecter », glisse-t-elle. Ce bonheur simple sied aux enfants qui reviennent d'une année sur l'autre auprès de « Tatie Ge » comme ils l'appellent affectueusement. Ge pour Geneviève, mais aussi jeux. Les enfants d'hier, deviennent les animateurs d'aujourd'hui, car le gîte en recrute deux par session. La responsable en profite pour lancer un appel : elle recherche des Bafa « complets ».
Le gîte de Saint-Lattier, reçoit tout type de publics. Des enfants venus de Rhône-Alpes principalement, inscrits en individuel, sans passer par des structures. C'est le bouche-à-oreille qui fonctionne. « C'est un métier qui nous plaît. Cela a été un projet familial. Nous ne sommes pas des paysans classiques. Il y a des moments où nous nous arrêtons aussi pour partir en vacances ! ». A la fin de l'été, lorsque les derniers enfants s'en vont, Geneviève Effantin réorganise le gîte pour le transformer en chambre d'hôtes. « L'alternance de ces deux activités nous permettent d'être lassé ni d'un côté, ni de l'autre. Nous sommes toujours en mouvement ». Et s'il lui reste cinq minutes, à l'automne, elle est présente sur l'exploitation pour le ramassage des noix.
Isabelle Doucet
Bafa*: brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur
Hébergement / Le relais des gîtes de France Isère et son service de réservation tenaient leur assemblée générale le 3 avril dernier. L'heure est à la mise en place du plan d'actions qui permettra à l'hébergement rural de conserver son avantage concurrentiel dans les territoires.
Au plus près de la clientèle
Pour le réseau Gîtes de France, l'objectif est clair : rester dans la course de l'hébergement touristique en proposant une offre la mieux adaptée à la demande de sa clientèle, dans un paysage hyper concurrentiel. Pour se différencier, les gîtes isérois, réunis le 3 avril dernier en assemblée générale à Murinais, font valoir leur richesse : un accueil chez l'habitant, un hébergement de qualité, des lieux atypiques. « Mais le parc évolue très vite », souligne Bruno Bernabe, le directeur du relais Isère et du service d'information et de réservation. Les créations d'hébergement n'arrivent pas à combler les départs, les hébergeurs quittant le réseau car ils avancent en âge ou parce qu'ils préfèrent jouer cavaliers seuls.Les Gîtes de France Isère comptent 663 adhérents, un chiffre relativement stable. Près de 77% sont des gîtes ruraux (mais ils ne représentent que 50% des lits), 14% des chambres d'hôtes et 8% des gîtes de séjour (27% des lits). Les campings comptent pour 1% des adhérents, mais 10% des lits. Le Vercors demeure la région phare en termes d'accueil (29% des structures et 28% du poids économique) avec la région des plaines et collines (24% des structures et un poids économique de 33%). Suivent la Chartreuse, l'Oisans et Belledonne. Les gîtes deux épis et trois épis voient leurs taux d'occupation progresser régulièrement. Les trois épis constituent aujourd'hui 55% du parc, collant à la demande de la clientèle. « Mais les hébergements qui fonctionnent le mieux sont ceux qui présentent le meilleur rapport qualité-prix, quel que soit leur situation géographique », résume le directeur qui pose la question de la montée en gamme et du niveau des prix, à l'heure où les budgets vacances sont de plus en plus serrés. « Il faut aussi engager une réflexion sur le vrai low-coast », indique le directeur.Motiver les troupesPrésident depuis un an, Philippe Riboulleau a proposé cinq objectifs stratégiques. Il s'agit de renforcer la présence institutionnelle des gîtes au niveau départemental afin de mieux faire connaître leur offre. C'est aussi inscrire le relais Isère dans les évolutions nationales du mouvement Gîtes de France. Le président entend également remotiver ses troupes en mettant en avant des options d'accueil comme les deux roues ou les équins. La revalorisation des hébergements demeure au centre des préoccupations, de même que la création de nouveaux gîtes par l'accompagnement des porteurs de projets. Philippe Riboulleau insiste sur la nécessité de travailler à la fois à l'échelle nationale avec la SAS Gîtes de France, qui décline plans médias et nouvelles offres de produits, et à l'échelle interdépartementale comme c'est déjà le cas avec les Savoie. Quelques actions concrètes sont déjà programmées à l'image des journées portes ouvertes, du 12 au 15 juin « destinées à mieux faire connaître notre réseau et sa marque, recruter de nouveaux propriétaires et développer l'activité de nos hébergements », note le président. L'évolution des gîtes se traduit également par la diffusion d'un magazine promotionnel qui viendra remplacer le traditionnel catalogue et un rapprochement avec Isère tourisme pour travailler sur la notoriété du reéseau.
A raison d'un panier moyen de 588 euros par contrat, en augmentation de 6,8%, l'hébergement rural génère un chiffre d'affaires direct de 16 millions d'euros et induit, de 27 millions d'euros (dépenses de la clientèle). Les investissements (création, rénovation) réalisés en 2013 s'élèvent à deux millions d'euros, de sorte que l'impact économique total est de 45 millions d'euros, apportant un complément de revenu aux ruraux ainsi qu'un maintien du tissu économique, tout en valorisant le patrimoine et le terroir.