Un plan pour lutter contre les déserts médicaux
Le gouvernement a officiellement lancé le 25 avril dans le Cantal son plan de lutte contre les déserts médicaux. Il entend aller vite pour mettre fin à une situation jugée « inacceptable » et redonner de l’attractivité aux territoires ruraux.

Le déplacement du Premier ministre, François Bayrou, avec quatre membres du gouvernement, dont Françoise Gatel, chargée de la Ruralité, était plus que symbolique. Le 25 avril, il s’est déplacé dans le Cantal à la maison de santé de Calvinet à Puycapel pour échanger avec les professionnels de santé. « C’est un territoire fragile qui a pris des initiatives et su trouver des solutions qui peuvent être reproductibles », a justifié son entourage. La lutte contre les déserts médicaux est d’ailleurs l’un des chantiers prioritaires du gouvernement. Le phénomène touche quelques agglomérations mais en premier lieu les zones rurales qui constituent 87 % du territoire français. Ce que les statisticiens appellent des « zones non denses » représentent tout de même six millions d’habitants vivant à plus de trente minutes d’un service d’urgence. La situation est d’ailleurs très tendue en milieu rural : ses habitants consomment 20 % de soins hospitaliers en moins que ceux des villes. Les séances de chimiothérapie et de dialyse sont inférieures d’un tiers à ce qui se pratique en ville. La dimension géographique révèle qu’environ 25,5 millions d’usagers vivent dans un territoire où l’offre de soins en libéral est insuffisante. Pour les gynécologues, 24,8 % des femmes vivent dans un désert médical et ce sont 28,9 % des enfants qui vivent dans un désert médical pédiatrique. De son côté, l’UFC-Que Choisir affirme que 19 % des Français résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, 23 % pour la gynécologie et 27 % pour la pédiatrie. Surtout, six millions de Français n’avaient pas de médecin traitant en 2024, confirme le gouvernement.
« Zones rouges »
L’objectif du plan de lutte contre les déserts médicaux est « de porter un message de confiance aux soignants et d’assurer 30 millions de consultations par an au sein de zones sous-dotées », estime le gouvernement. Bâti en quatre points, il met tout d’abord l’accent sur la formation avec la volonté de former le plus de praticiens dans les zones en tension. « Il faut permettre aux ruraux d’accéder aux études de santé au plus près du territoire où ces futurs médecins, infirmiers, pharmaciens… habitent. » Le pari du gouvernement est que ces personnes resteront au pays. Le deuxième volet de ce plan est l’introduction d’un principe de solidarité. C’est-à-dire inciter les médecins à consacrer deux jours par mois à donner des soins dans les zones non denses, notamment dans les maisons de santé. Des incitations financières, pour l’heure non déterminées, sont prévues et en cas de refus, des sanctions financières sont envisagées. « Tout le monde est concerné : généralistes et spécialistes », précise le gouvernement. Le plan de Matignon envisage de « moderniser et simplifier l’accès aux soins en faisant monter en compétence les professionnels de santé ». Des expériences concluantes avec des protocoles stricts ont été menées avec succès et ont permis à des pharmaciens et des infirmiers de traiter des pathologies courantes telles que les rhinites, les angines, les cystites etc… Enfin quatrième et dernier volet de ce plan : la cartographie des zones d’actions prioritaires appelées « zones rouges », où le gouvernement entend porter l’effort. Celle-ci s’appuiera sur l’existant, en particulier une carte déjà réalisée par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) en août 2024 et qui sera complétée avec les retours de terrain des préfets. Ces derniers se coordonneront avec les agences régionales de santé (ARS), les collectivités locales, les professionnels de santé pour déterminer les zones les plus urgentes à traiter, celles où la densité de médecins est très faible au regard des besoins de la population.
Christophe Soulard
Objectif : 4 000 maisons de santé en 2027
Au 31 décembre 2024, 2 700 maisons de santé pluriprofessionnelles étaient en fonctionnement, soit 199 de plus que le 31 décembre 2023. L’objectif est d’atteindre 4 000 maisons de santé à l’horizon 2027. Mais au rythme actuel et compte tenu de l’état des finances publiques, il est fort à craindre que cet objectif ne soit pas réalisé. Ces maisons de santé regroupent des médecins et d’autres disciplines comme des dentistes, des masseurs-kinésithérapeutes. Des aides à l’investissement sont prévues par les collectivités locales et les agences régionales de santé (ARS). Elles peuvent concerner les frais d’ingénierie du projet immobilier, l’opération immobilière elle-même et varier selon que l’on se trouve en zone de plaine ou de montagne. Ainsi, la région Occitanie alloue une aide maximale de 140 000 euros pour les maisons de santé et de 210 000 euros en zone de montagne (130 000 et 195 000 en plaine). Le taux cumulé d’aides publiques peut aussi être plafonné (80 %).