Un verger place Saint-Bruno

Ils en ont des messages à faire passer, des pratiques à expliquer, des idées reçues à bousculer. Ils veulent communiquer. C'est la raison pour laquelle les jeunes agriculteurs de l'Isère, et notamment des cantons de Tullins-Vinay et de Rives-Voiron, participent pour la septième année consécutive à la foire de la Saint-Martin, qui se tiendra les 10 et 11 novembre à Voiron.
Faire passer des messages
Pour susciter le dialogue, ils ne manquent pas d'idées. Lancement officiel de la vente des cerneaux pour la Saint-Martin oblige, les jeunes agriculteurs vont décliner de nombreuses animations autour de la noix, en plus de l'installation d'une mini-ferme, de l'organisation d'ateliers pour les enfants et d'un marché de producteurs*. Pour faire découvrir et expliquer leur travail de production et de récolte des noix, rien de tel qu'une mise en situation. L'espace de deux jours, un verger sera installé place Saint-Bruno. Pas simple ? Qu'à cela ne tienne, les JA vont relever le pari. Une ou deux - petites - rangées de noyers seront reproduites, avec des noix encore sur les branches, et d'autres par terre. Deux démonstrations seront effectuées pour montrer les évolutions du métier. Après le ramassage à l'ancienne (à la main, avec un panier), une ramasseuse sillonnera les rangées pour ramasser les fruits à coques. Rémi Picat, nuciculteur à L'Albenc, et cheville ouvrière de l'opération est motivé par l'idée. « Je participe à la foire pour défendre et promouvoir la noix de Grenoble. Je veux aussi faire découvrir notre beau métier, et pourquoi pas, susciter des vocations ». Mais, lucide, il veut aussi en profiter pour faire passer des messages, montrer que l'ensemble des agriculteurs tende vers une agriculture raisonnée. « En ce moment, nous sommes la bête noire des écologistes. Nous sommes accusés de tous les maux, alors que nos pratiques ont beaucoup évolué. Nos produits respectent des cahiers des charges draconiens, bien plus stricts que dans les autres pays européens. En matière de traitement notamment, auparavant, ils étaient systématiques, parce que nous suivions un calendrier. Aujourd'hui, nous pratiquons seulement ceux qui sont nécessaires ». Un exemple ? « Sur le carpocapse, nous ne traitons qu'après avoir relevé les prélèvements des pièges. Et nous ne surdosons pas ». Fort d'une expérience de vendeur dans une jardinerie, il témoigne aussi du constat qu'il a pu faire : « Lors de la vente des produits phytosanitaires, j'expliquai aux clients comment les utiliser. J'ai remarqué que les agriculteurs savaient. En revanche, les jardiniers amateurs voulaient toujours surdoser, pour être plus efficaces. Et, plutôt que d'utiliser un pulvérisateur, c'est avec un arrosoir qu'ils appliquaient ces produits... ».
Moments de convivialité
Les jeunes agriculteurs veulent aussi profiter de ce rendez-vous populaire pour sensibiliser et éduquer. Laura Budillon-Rabatel, salariée de l'exploitation familiale située à Voiron, en réflexion sur sa future installation, estime qu'il est important de (re)nouer le dialogue. Et encore plus, quand on est en milieu péri-urbain. « C'est un classique. Chaque année, pendant la récolte des noix, Je vois de nombreuses personnes dans nos parcelles qui ramassent les fruits. Ils pensent que, dès lors qu'elles ont été ramassées une fois, ils peuvent passer derrière. Il faut alors leur expliquer que les noix ne tombent pas toutes en une fois et que nous effectuons plusieurs ramassages... » Ce travail, elle le fait au quotidien au sein de l'exploitation qui commercialise une partie de sa production en direct. Mais dans la foire, l'ambiance est différente. « C'est un moment de convivialité, de partage ». Et, habituée des lieux, elle s'est rendue compte, que, souvent, sous prétexte, d'expliquer aux enfants, les parents se prêtent très vite à l'écoute des indications des exploitants, embrayant sur d'autres questions ou rapportant des expériences. « Le fait de faire goûter nos produits permet aussi de revenir sur des souvenirs malheureux. Quand quelqu'un revient après avoir goûté notre huile de noix alors qu'il n'en voulait plus, je suis contente ». Autant de produits, autant de stands, autant d'animations qui sont des portes d'entrées pour la discussion.
* qui mettront en vente de nombreux produits tels que des fruits et légumes, des fromages, de la charcuterie, du pain, du miel, des noix et ses produits dérivés, du pastis dauphinois et de la bière
Isabelle Brenguier
Un burger 100% local
Des steaks hachés en provenance directe de l'exploitation de Florian-Rey Giraud à Tullins. Du pain, issu de la farine, issue des céréales de la ferme d'Alexandre Rabatel à Penol. De la sauce au bleu du Vercors-Sassenage. De la salade de Charnècles. Tel est la composition du Mac Martin, le burger 100% local proposé par les jeunes agriculteurs de l'Isère à l'occasion de la foire de la Saint-Martin à Voiron. « Nous voulons proposer aux consommateurs un produit attrayant et de bonne qualité. Nous voulons montrer que nous pouvons être modernes avec les produits du terroir », précise Rémi Picat, nuciculteur à L'Albenc. Faisant référence aux actuelles accusations dont sont victimes la viande et la charcuterie, Alexandre Escoffier, nuciculteur à Beaulieu, veut profiter de la cuisson sur place des steaks pour aller à l'encontre des informations reprises par les médias. « Mon grand-père est décédé à l'âge de 85 ans, alors qu'il a toujours mangé de la viande A quoi sont destinées ces informations ? On peut se poser la question. Au moment où les éleveurs subissent une telle crise, c'est plutôt malvenu ». A 12 euros, le menu composé du burger, accompagné de frites (de pommes de terre de La Frette), de saint-marcellin ou de bleu du Vercors-Sassenage et d'une tarte aux noix de L'Albenc, les classiques distributeurs de burgers n'ont qu'à bien se tenir. I.B.