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Infrastructure

Une Arlésienne au bord de l'Isère

Impraticable depuis le printemps 2013, le pont de la Buissière, qui permet d'accéder au Cheylas, va être démoli pour être reconstruit. Mais pas avant 2019.
Une Arlésienne au bord de l'Isère

Il en est souvent des infrastructures routières comme de l'Arlésienne : on en parle, on en parle... en attendant que ça se construise. C'est un peu le cas du pont de la Buissière, fermé à la circulation depuis le printemps 2013 en raison de l'affaissement de l'une de ses piles. Depuis plus de deux ans, les usagers et les exploitants, agricoles ou forestiers qui le franchissaient régulièrement en sont quitte pour emprunter les déviations. Un temps, il fut question de réparer l'ouvrage d'art et de le remettre en service courant 2017. Mais depuis de l'eau - et de nombreuses études - ont coulé sous ses piles. Verdict : le pont doit être démoli, reconstruit et opérationnel... fin 2019.
Du côté des professionnels, c'est la soupe à la grimace. « Si on avait eu connaissance d'une échéance à six ans, nous aurions tout de suite construit un silo en rive droite, s'agace Jean-Marc Lapierre, directeur de réseau à la coopérative Dauphinoise. L'investissement temporaire dans un silo n'avait pas de sens au début, mais pour six ans, ça valait le coup. En attendant, nous avons perdu deux ans et nous continuons d'indemniser les agriculteurs qui sont obligés de faire le détour par Pontcharra ou Goncelin pour nous livrer au Cheylas. » Coût de cet « accompagnement » (établi selon un barème kilométrique) : 40 000 euros pour les campagnes 2013 et 2014. Et si cette politique d'accompagnement se révèle moins chère que prévu (la Dauphinoise avait d'abord parlé de 100 000 euros) grâce à la redirection des flux vers le silo de la Terrasse, elle n'est pas sans engendrer un surcoût important, estime Jean-Marc Lapierre.

Humains contre petits poissons

Du côté des élus, on est bien conscient du malaise. « Le pont de la Buissière? On désespère, se désole Christophe Engrand, maire de Fort Barraud et conseiller départemental en charge du dossier. Les études ont démontré que les piles étaient trop fragilisées pour être réparées. Contrairement à ce qui avait été indiqué au départ, nous sommes obligés de repartir de zéro en construisant un nouveau pont. » Ce qui implique le lancement d'un appel d'offre, de nouvelles études et au moins deux ans de travaux. « La loi sur l'eau nous oblige à obtenir des autorisations lourdes, poursuit l'élu. Je veux bien qu'on sauve les petits poissons, mais il y a de l'humain, de l'économie et de l'emploi en jeu. Nous sommes en train de travailler avec les services de l'Etat pour voir si on peut raccourcir les délais. » Seule bonne nouvelle : le coût de construction d'un pont neuf (environ 4,5 millions d'euros selon M. Engrand) est moins élevé que celui de la réparation de l'ancien. On se console comme on peut.

Marianne Boilève