Une bière de carrière

A Crémieu, la brasserie des Ursulines fête ses dix ans.
Cette entreprise artisanale, qui s'est installée dans une ancienne église du 18e siècle aime les projets originaux à l'image de ses murs atypiques.
« Nous essayons de faire de la bonne bière », assure son gérant Olivier Bourgaud qui propose neuf bières différentes tout au long de l'année.
Au fil des ans, la brasserie s'est forgée une certaine réputation. Il faut dire que la qualité de sa bière est largement servie par son écrin ouvert au public.
L'entreprise produit 60 000 litres de bière par an et écoule 70% de sa production sur place.
Son chiffre d'affaires, d'environ 300 000 euros, a connu depuis 2006 une croissance régulière à deux chiffres.
C'est donc un rapprochement naturel qui s'est opéré avec le cimentier Vicat, lorsque celui-ci a recherché une brasserie qui pourrait produire une bière à partir de l'orge cultivée en agriculture biologique sur la parcelle réaménagée de la carrière de Faverges.
100% Nord-Isère
« Notre brasserie a une réputation qui rassure », insiste Olivier Bourgaud.
L'entreprise s'efforce de s'approvisionner localement, même si la filière n'est pas tout à fait encore en ordre de marche.
« C'était un challenge, reconnaît la brasseur, faire une bière 100% Nord-Isère en créant une recette avec le maximum d'orge cultivée dans la plaine, mais aussi de l'eau de Crémieu, à laquelle nous ajoutons des malts légèrement caramélisés, du houblon que nous faisons venir d'une coopérative alsacienne car nous n'en trouvons pas ici et des levures françaises et belges. »
Le brasseur a voulu créer deux bières aromatiques.
« La blonde et l'ambrée sont différentes, c'est toujours la même eau, les mêmes céréales et les mêmes levures, mais les quantités et la mise en œuvre sont différentes ; la bonde est fruitée et ronde quand l'ambrée est plus typée. »
Quant à la qualité de l'orge produite à Faverges, Olivier Bourgaud la trouve « assez aromatisée et typée bien que ce ne soient pas des terres riches. C'est la première fois que nous utilisons ce mode opératoire. C'est assez amusant, reconnaît le brasseur. Cela prouve la capacité de Vicat à remettre les carrières en état et les vertus agronomiques de la réhabilitation : nous allons boire la réhabilitation ! »
Filière locale
Cette bière du moment ne sera pas sans lendemain.
Au-delà des 5 000 hectares d'orge bio cultivés, le brasseur est déjà en contact avec d'autres agriculteurs du secteur pour développer la production.
Le seul frein est aujourd'hui l'absence d'intermédiaire capable de malter à façon.
Pour l'heure, les brasseurs locaux se sont regroupés pour faire malter l'orge régionale dans l'Indre.
« Nous commençons juste à travailler avec Malteurs échos en Ardèche, auxquels nous avons fait appel pour malter les céréales de la plaine de Faverges », explique l'artisan qui guette les projets de malterie locaux.
Il voit dans cette initiative les prémices d'une « vraie démarche, à laquelle nous avons tous intérêt. Les agriculteurs auront leurs céréales mieux valorisées, les brasseurs trouveront une visibilité locale et les consommateurs apprécieront de faire travailler les gens sur place. C'est une filière locale qui est en train de s'installer », lance Olivier Bourgaud.
Isabelle Doucet
En savoir plus :
- La liste des brasseries artisanales iséroises recensées par Bière France