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Montagne

Une bonne correction empêche les catastrophes

Les risques naturels en montagne nécessitent la mise en œuvre de différentes techniques de protection. Qu?il s?agisse de génie biologique ou civil, tous les moyens sont bons pour permettre une défense optimale.
Une bonne correction empêche les catastrophes

Si, dans le passé, la montagne était plus peuplée qu?elle ne l?est aujourd?hui, ses habitants la connaissaient mieux et savaient où s?installer. La situation a évolué. Il y a une pression plus forte d?aménagement de la montagne et beaucoup plus de néo-ruraux, qui n?ont pas cette culture du risque. Pour autant, la protection de la montagne face aux risques naturels ne concerne que les zones déjà anthropisées. « Nous protégeons l?existant, mais, en raison des coûts que cette protection nécessite, il n?est pas question d?augmenter la vulnérabilité d?un site en ajoutant des enjeux et des habitants », explique Roland Chaneac, technicien RTM (Restauration des terrains en montagne), responsable du secteur de l?Oisans.

 Roland Chaneac est technicien RTM (Restauration des terrains en montagne), responsable du secteur de l?Oisans.

Corrections active et passive

« En matière de protection, nous n?avons pas de solution type. Le choix des interventions se fait toujours en fonction du terrain. Ce qui implique une très bonne connaissance des lieux », indique le technicien. Et ce dernier d?expliquer que deux types de protection peuvent être mises en oeuvre. La correction active, qui revient à empêcher le phénomène de se produire (avalanche, chute de blocs, crue torrentielle?) et qui repose sur une intervention au sein de la zone de départ. Et la protection passive qui consiste à protéger directement l?enjeu, sans intervenir sur le phénomène en lui-même. Concrètement, dans le cas d?une avalanche, installer une forêt dans sa zone de départ pour éviter qu?elle ne démarre est un moyen de correction active. Et dans le cas d?une chute de blocs, aménager une digue de déviation pour détourner les pierres de leur trajectoire initiale et éviter qu?elles n?atteignent un village est une mesure passive.

A Livet, un tourne paravalanche a été installé en 2010. Il poursuit le double objectif de dévier les avalanches qui descendent sur le village en hiver et d'empêcher le transit des matériaux pendant les orages de l'été.

La nature a du génie

La mesure de protection privilégiée par les forestiers reste le génie biologique. Les professionnels estiment que la forêt est encore le meilleur moyen de protection contre les avalanches. Là où elle était et où elle a été défrichée, il faut la réimplanter ou la remettre en état pour qu?elle puisse jouer son rôle. Car elle intervient à différents niveaux. La présence d?une forêt en zone de départ d?avalanche a un effet de fixation du manteau neigeux, qui empêche leur déclenchement. Car pendant les chutes de neige, une fraction des précipitations se dépose sur la cime des arbres. Par la suite, une partie de la neige stockée sur les arbres s?évapore alors que la plus grande partie est restituée au sol sous la forme de paquets de neige ou d?eau de fonte. Ainsi, par rapport au terrain nu, le manteau neigeux de la forêt dispose d?un meilleur ancrage. Et par rapport au vent (qui entraine le départ des ¾ des avalanches), la présence d?un peuplement forestier diminue ses effets. A noter que la forêt doit systématiquement être implantée dans la zone de départ de l?avalanche. Si elle est placée dans la zone d?élargissement, elle ne fait que l?accentuer. Contre l?érosion et le transport des matériaux, c?est le ré-engazonnement ou l?embroussaillement des versants qui est privilégié. La technique consiste à semer des plantes herbacées et des petits arbustes adaptés à ces terres pauvres.

Des ouvrages de génie civil

Quand ces solutions sont insuffisantes, ou inadaptées, il faut parfois avoir recours au génie civil, qui accompagne ou remplace ces protections biologiques. Contre les avalanches, il est possible d?installer, en zone de départ, des ouvrages charpentés comme des claies paravalanches (en bois ou métalliques), des tripodes, qui permettent de diminuer la reptation du manteau neigeux, des barrières, pour modifier le dépôt de neige par le vent, et à l?arrivée, des digues de protection.

A Vaujany, pour lutter contre les avalanches, l'installation de tripodes et le reboisement ont été les deux mesures choisies pour diminuer la reptation du manteau neigeux.(Crédit photo RTM)

« Concernant les chutes de blocs, il existe peu de moyens de correction active, car il est difficile de prévoir les zones de départ. Ce sont donc surtout des filets, des écrans pare-blocs, des galeries paravalanches et des digues de déviation ou d?arrêts qui sont installés », indique Roland Chaneac. Il en va de même contre les crues torrentielles, qui nécessitent l?installation de seuils pour diminuer la vitesse des torrents et de digues de contention, pour empêcher leur débordement.

Isabelle Brenguier
Encadré simple

Les services de restauration des terrains en montagne (RTM)

RTM est un service de l?Office national des forêts, spécialisé dans la gestion des risques naturels. Si à l?origine (au milieu du XIXème siècle), leur mission première était le reboisement des zones les plus dégradées par l'érosion, elle a évolué vers une prise en compte globale de l?ensemble des problèmes de risques inhérents au milieu montagnard. Aujourd?hui, RTM est devenu un service d?expertise concernant l?affichage du risque, et de conseil et de maîtrise d?oeuvre en matière de travaux spécialisés, pour l?Etat et les collectivités locales. En France, il existe six services RTM dans les Alpes et quatre dans les Pyrénées.
I.B.