Une Diablesse à Paris

« Les comices, les combats, les sauvetages, Diablesse a tout fait dans sa vie. Il ne lui manque que Paris ! », s'enthousiasme Lucien Idelon.
Le jeune éleveur, qui projette de reprendre la ferme familiale à Izeron, est un passionné des vaches de race hérens.
« Un jour, nous l'avons amené à un combat à Saint-Pierre-de-Chartreuse, il avait trois ou quatre ans et il est tombé amoureux de cette vache », confie sa mère Catherine Duboucher.
Depuis, la Ferme des villardes, qui élève des vaches allaitantes de la race villard-de-lans (35 mères, 60 bêtes, soit 10% du cheptel français), s'est aussi dotée d'un troupeau d'une dizaine d'hérens. L'originalité de l'élevage tient donc à la conduite de ces deux troupeaux de races bovines à très faible effectif.
La famille Idelon est une habituée du Salon de l'agriculture, depuis que les villardes ont fait leur première présentation en 2001. Mais l'an passé, c'est avec les hérens que Lucien et sa mère sont montés à Paris.
Ces deux races ont le plus souvent les honneurs du Grand Ring où les visiteurs du salon peuvent découvrir la quinzaine de races bénéficiant du programme de conservation.
« La lutte est innée »
« Diablesse est une vache d'exception, reprend Lucien Idelon. C'est une vache facile à conduire, fiable. On s'attache aux hérens, elles ont un capital sympathie. »
Trapues, ces jolies vaches noires originaires du Valais suisse et du Val d'Aoste en Italie, sont surtout connues pour leurs combats de reines. Dotées de belles cornes et d'un cou puissant elle luttent spontanément au moment de la montée en alpages pour déterminer qui sera leader dans le troupeau.
« La lutte chez les hérens est innée. Elle ne sont pas dressées », tient à préciser Catherine Duboucher. « Même les petits veaux, dès leur premier mois cherchent à lutter, reprend Lucien Idelon. Le grand public a du mal à le comprendre lorsqu'il ne connaît pas la race. »
Le jeune éleveur a pris goût au Salon de l'agriculture. « C'est convivial, on fait des rencontres, on voit du monde. A Paris, il se décide beaucoup de choses autour du monde agricole », expliquent la mère et le fils.
Mais avant tout, les éleveurs savent qu'ils doivent lever beaucoup d'a priori et parler de leur métier. « On sent déjà un décalage ici, alors à Paris, c'est pire ! »
Quatre hérens (deux iséroises et deux savoyardes) seront donc présentées au Salon de l'agriculture, ainsi que cinq villardes.
Un comité de sélection, au sein de l'OS races alpines réunies, se charge de rassembler un groupe homogène.
« Pour monter à Paris, les petites races profitent de la logistique des abondances », précise Catherine Duboucher. Le point de ralliement a eu lieu au lycée de La Motte-Servolex, le vendredi 24 février dernier. « Depuis 2009 et l'entrée dans l'OS, les choses se sont accélérées », reprend l'éleveuse.
Les races sont présentées quasiment tous les jours et participent au grand défilé qui clôt le salon.