Rhône-Alpes est une des régions les plus innovantes dans le développement de projets dits « Smart grid », alliant nouvelles technologies et production d'énergies renouvelables locales. Pour preuve, le déploiement de Linky, le compteur intelligent, a débuté par Lyon et 450 000 appareils seront installés dans la région entre 2015 et 2021.

Pour accompagner la transition énergétique, ERDF a adapté l'ensemble de son réseau. Chargé à l'origine d'acheminer l'électricité jusqu'au consommateur, le réseau permet aujourd'hui à l'électricité de circuler dans les deux sens, depuis les productions locales qui ne cessent de se développer (photovoltaïque, éolien, biomasse), jusqu'au consommateur, de même que vers de nouveaux usages, comme les bornes permettant de raccorder les véhicules électriques. « Dans 20 ans, la production d'énergie décentralisée aura quadruplé », prévoit Matthieu Terenti, responsable grands projets ERDF. L'enjeu pour ERDF revient donc à piloter, à gérer, à optimiser en temps réel et à distance cette nouvelle complexité de la circulation de l'énergie.

Complémentarité

En 2013, le transporteur a investi 52,8 millions d'euros en Isère pour améliorer la qualité du réseau et anticiper les mutations, à l'image du raccordement de près de 600 nouveaux producteurs individuels ou collectifs l'an passé. « La direction régionale des Alpes couvre trois départements : l'Isère et les deux Savoie, qui sont composés de zones rurales, de montagne et de zones denses, poursuit le responsable. C'est dans les secteurs ruraux que sont implantées les productions décentralisées d'énergie renouvelable, laquelle est ensuite acheminée vers les zones urbaines ».

Mais l'opérateur n'évolue pas seul dans cette mutation du paysage énergétique. Il compte sur des partenaires institutionnels locaux, universitaires, industriels, élus avec lesquels il a tissé des liens dans le cadre de projets de développement tels que GreenLys (réseau intelligent pour le système électrique en zone urbaine avec le compteur Linky), Infini Drive (flotte ERDF et La Poste de véhicules électriques et leur recharge) ou Smap (photovoltaïque villageois dans le PNR du Vercors).
« L'agriculture va être amenée à devenir productrice d'énergies renouvelables, même si son activité première reste l'alimentaire », estime Gérard Seigle Vatte, président de l'association des maires ruraux de l'Isère et ancien président de la chambre d'agriculture. Il reconnaît que les communes rurales « pourront apporter une complémentarité intéressante dans la production d'électricité sur un territoire ». Il confirme le petit retour de la réflexion, dans les exploitations agricoles, pour les panneaux photovoltaïques devenus moins coûteux, plus solides. L'éolien est aussi dans l'air du temps, mais reste timide. Ces projets demeurent souvent des initiatives privées. « Pour les projets de biomasses des partenariats publics/privés sont indispensable. Les agriculteurs ne peuvent pas financer seuls de telles structures et le retour sur investissement est très long. Les banques n'ont pas encore pris la dimension de telles initiatives. Il y a une complémentarité à trouver entre les éleveurs et les communes », ajoute le maire de Paladru.

André Seigle Vatte pointe un dernier élément d'importance : celui de la prise en compte des déplacements en milieu rural. En effet, de plus en plus de personnes font le choix d'habiter à la campagne, où les dessertes de transport en commun sont limitées et où la voiture électrique, notamment pour les déplacements pendulaires, serait pertinente, à condition que soient installées des bornes de recharge électriques dans les villages.

Isabelle Doucet