Accès au contenu
Manifestation

Une foire pour avancer

En dépit d'une météo maussade, la foire d'avril de Beaucroissant a attiré un public nombreux, dont des professionnels venus pour échanger avec les responsables politiques, montrer ou vendre leurs bêtes.
Une foire pour avancer

Ni la pluie, ni le vent n'ont découragé les visiteurs de la Beaucroissant, le week-end dernier. Au moment de l'inauguration de la 47e édition de la foire d'avril, samedi, c'était toujours la même expression de solidarité autour du monde paysan.

 

Un parapluie avec des jambes.

 

Mais les agriculteurs veulent du concret, ainsi que l'a exprimé Jean-Claude Darlet, le président de la chambre d'agriculture. « La foire de printemps marque le lancement de la nouvelle saison agricole. La profession est dans un désarroi total », a-t-il lancé. « Les pertes de revenu ne sont plus compensées par les aides de la Pac », s'insurge-t-il. Alors que les agriculteurs n'ont pas encore perçu toutes les aides 2015, ils doivent établir de nouvelles déclarations pour 2016 « sans savoir où ils vont ».

 

La députée Michèle Bonneton attend les propositions des agriculteurs dans le cadre de la loi Sapin II.

 

Le président de la chambre d'agriculture implore : « Nous avons besoin de tout le monde ». La perte de revenu de l'agriculture « est un problème de société » qui doit dépasser la cour des fermes. Jean-Claude Darlet estime que la bonne échelle pour agir est celle du département et de la région. Pôle agroalimentaire, restauration collective, grande distribution, il existe des axes de travail « pour que chacun trouve sa marge ».

Sans compter « le développement d'activités annexes comme dans le domaine de l'énergie ». Là aussi, Jean-Claude Darlet ne mâche pas ses mots fustigeant les opposants aux projets de méthanisation. Son discours a été très chaleureusement applaudi.

Des conseils bienvenus

Robert Duranton, le vice-président du Département en charge de l'agriculture a réaffirmé le soutien de la collectivité, au-delà du plan d'urgence, dans la mise en œuvre de projets structurels, à l'image du pôle agroalimentaire du Fontanil ou par le biais de financements sur des enveloppes environnementales « pour la reconnaissance et la valorisation des pratiques agricoles en lien avec l'environnement ».

Il a surtout assuré être en discussion avec la région afin de dégager les aides complémentaires nécessaires à l'accompagnement de l'agriculture.
La députée Michèle Bonneton a fait l'inventaire des évolutions législatives attendues : la révision de la loi LME, dite loi Sapin II, sera examinée en juin : « Une nouvelle opportunité pour améliorer la situation ». La parlementaire déposera des amendements pour lesquels « vos conseils sont les bienvenus », a-t-elle adressé à la profession agricole.

Par ailleurs, elle se montre extrêmement inquiète quant au tournant que prennent les négociations commerciales transatlantiques. « Il y a beaucoup à perdre pour notre modèle agricole », poursuit-elle en prenant en exemple les produits sous label de qualité qui ne seraient plus que 42 sur 600 à rester protégés.

Quant au projet de loi sur la restauration collective, Michèle Bonneton regrette l'accueil défavorable que le Sénat lui a réservé.

Soutien à la méthanisation

Enfin, Patrick Lapouze, secrétaire général de la préfecture de l'Isère, a félicité la mairie de Beaucroissant « pour sa capacité à s'adapter au réalités nouvelles » et a souligné les efforts en matière « d'organisation, de sécurité et de fluidité ».

S'adressant aux agriculteurs, il a rappelé qu'en Isère 365 professionnels avaient bénéficié d'un effacement de leur impôt 2015. De plus, l'arrêté concernant la reconnaissance de catastrophe naturelle pour la sècheresse qui a frappé certains secteurs du département l'été dernier, a été pris. Les dossiers sont à déposer avant le 9 juin (voir en pages pratique).

Il a assuré que tout serait fait pour régler le problème des Surfaces non agricoles et réitéré le soutien de la préfecture sur les dossiers de méthanisation, notamment lorsqu'ils sont la solution aux mises aux normes pour le stockage d'effluents.
A l'issue des discours, Pascal Denolly, le président de la FDSEA, regrette un certain « manque d'énergie ». « Lorsqu'un chantier est difficile, il faut être économe dans ses propos et faire des actions positives », a-t-il commenté.

Isabelle Doucet

Une foire d'avril très pluvieuses.

 

Concours

Les blondes d'Aquitaine ont fait leur show

 
« Nous avions arrêté les concours il y a dix ans. Pour notre retour, nos bêtes font 1er et 2e prix », s'enthousiame Eric Rochas, du Gaec des Colibris à Méaudre dans le Vercors. Le taureau Gouverneur, champion toutes catégories, expose docilement sa morphologie d'athlète. « Fin de dos et fin de cuir, il présente une bonne longueur de corps. Il mériterait encore un peu de viande, mais c'est un taureau plutôt typé élevage, que l'on juge sur sa hauteur plus que sur son épaisseur », décrit Dylan Rochas, associé au Gaec avec son père et son oncle.
Dylan Rochas et le taureau Gouverneur.
La bête a été achetée il y a un an en station de la race blonde d'Aquitaine. Les éleveurs insistent sur leur conduite d'exploitation en bio. « Ce n'est pas pour ça que nous ne sommes pas capables de sortir des taureaux en concours ! » La nouvelle génération du Gaec des Colibris assure donc la relève avec brio. « La préparation des animaux demande du temps et de l'énergie, mais Dylan est un passionné », commente fièrement son père.
Victoire, la doyenne du concours.
Quelques stalles plus loin, Victoire la bien-nommée revient du ring, avec une fois de plus, le premier prix de sa catégorie en vache suitée de plus de 7 ans. C'est la doyenne du concours et elle n'a jamais démérité. « Elle a un bassin exceptionnel et elle est reconnue en qualité de race et en qualité d'élevage », commente son éleveur, Jean-Paul Reymond, du Gaec du Col de Parménie, une des chevilles ouvrières du concours. Son exploitation bénéfie de toute une descendance de cette championne productrice de bêtes à concours.
Le concours régional de blondes d’Aquitaine.
Henri Gueydan, le président du comité organisateur, souligne l'investissement de ces éleveurs, avec notamment Mikael Tracol, de Notre-dame-de-Vaulx, qui présentent des bêtes et mettent la main à la pâte, quand ce n'est pas au porte-monnaie, pour valoriser cette race bovine dont ils sont passionnés. Son exploitation, la SCEA Redipe, a encore raflé de nombreux prix, mais le troupeau est aussi très important. « Nous observons du renouvellement dans les bêtes, même si certains éleveurs de la région n'ont pas pu venir pour des problèmes sanitaires », explique l'éleveur. Il faut dire que désormais, Beaucroissant est au top du règlement sanitaire, tant au niveau des bêtes à concours que des bêtes commerciales.
ID

 

Des bêtes parfaitement bien préparées.         Les plus beaux spécimens sont à Beaucroissant.

 

Volailles

Poules pondeuses et d'ornement

Il éleve de tout : des poulets, des pintades, des canards, des poules d'ornement. Sébastien Martin est naisseur et éleveur de volailles fermières à Saint-Sauveur. Avec son père, il a toujours fait la Beaucroissant. Un stand en bas, un autre sur le coteau, l'élevage bénéficie d'une certaine renommée auprès des visiteurs de la foire. La majorité des ventes se conclue le samedi matin, quel que soit le temps. Car la Beaucroissant a vu le nombre de ses marchands de volaille se multiplier ces dernières années, au point de devenir un carrefour de l'aviculture très prisé de la clientèle régionale.
Sébastien Martin, aviculteur à Saint-Sauveur.
« Nous achetons les bêtes à un jour et nous démarrons des lots de 1 200 volailles tous les 15 jours. Après, les clients ont du choix. » L'élevage pratique l'abattage et la vente en direct ou à des bouchers. Mais à la Beaucroissant, dans le vivant, ce sont les poules pondeuses, de toutes les couleurs, qui ont la cote. Dans le grand public, la mode est en effet au poulailler dans le jardin. Quant aux jolies poules soie d'ornement, elles font toujours craquer toutes les générations. « C'est rare lorsqu'on rentre avec », reconnaît Sébastien Martin.
ID