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Thodure

Une inondation prévisible

Parce qu'il n'est plus suffisamment curé, un ruisseau insignifiant au pied de Thodure, dans la Bièvre, est sorti de son lit et a dévasté une dizaine d'hectares de bonnes terres à céréales.
Une inondation prévisible

Deux jours après l'épisode de pluie exceptionnel qui s'est abattu sur une partie ouest du département, mercredi 23 octobre, les conséquences étaient encore impressionnantes à Thodure. La Peyrouse, un ruisseau d'ordinaire à sec une grande partie de l'année, ne gonflant que lors de pluies d'orage, a décidé de changer de lit et d'aller voir à côté si la céréale était plus verte...

 

Un nouveau cours d'eau s'est formé à côté de l'ancien  situé derrière la rangée d'arbres. La partie de plaine située entre le ruisseau et la route a été totalement submergée.

 

Sur un bon kilomètre, il coule donc désormais en plein champ, ou du moins ce qu'il en reste. Car le cours d'eau légèrement surélevé par rapport aux parcelles qui l'entourent, se remplit régulièrement de graviers ou  de galets, à la faveur de cette zone quasi plane qu'il traverse au pied du village. Relevant davantage de la catégorie fossé d'évacuation d'eau de pluie que du véritable ruisseau, cela ne pose pas trop de problème, sauf en cas de pluies exceptionnelles. Alors, « Monsieur » se gonfle et se heurte à cette épaisse couche sédimentaire qu'il a lui-même entreposée dans son lit mineur. Mercredi, n'en faisant qu'à sa tête et lassé de ne pouvoir avancer, il a pris un chemin détourné. C'est ainsi qu'un de ses bords a cédé : des tonnes d'eau ont alors traversé les parcelles semées, décapé la terre arable, l'ont remplacé par des volumes conséquents de graviers et se sont allées, s'étendant dans une grande partie de la plaine jusqu'à traverser l'axe Marcilloles-Thodure.

 

Les parcelles parcourues par l'eau ont perdu une partie de la couche arable.   La violence des flots a décapé près de 20 cm de terre arable dans le champ de céréales semé de quelques semaines et y a laissé presque 50 cm de galets.

 

« Ce n'est pas la première fois que cela arrive, explique Jean-Michel Bouchard, exploitant dans la commune. Ce ruisseau a toujours charrié des tonnes de graviers et s'obstrue naturellement. Mais avant, tous les gens du coin curaient le fossé et prélevaient du gravier ou des galets pour empierrer les cours, les chemins, voire construire des maisons. Cela participait d'un équilibre nécessaire et tempérait les ardeurs du ruisseau. Cela n'empêchait pas quelques sorties épisodiques mais elles étaient bien moindre que celle-là en termes de dégâts, car c'était surtout de l'eau qui débordait. Aujourd'hui, nous assistons à ce spectacle parce que que sous la pression des mouvements environnementalistes, il est devenu quasi impossible de tirer du gravier des ruisseaux. Je ne suis pas sûr que la biodiversité soit protégée de cette façon. La parcelle d'entrée a perdu sa couche arable et ne vaudra plus grand chose agronomiquement parlant. Nous devons revenir à des équilibres, car personne ne gagne à ce jeu. »

 

Le lit mineur (en haut à droite, derrière l'arbre couché) est en grande partie obstrué par les dépôts naturels de graviers. L'absence de curage régulier a favorisé la recherche d'un échappatoire pour le ruisseau gonflé.  Son lit mineur obstrué, le ruisseau  a trouvé un exhutoire complet de l'autre côté du talus qui forme sa bordure initiale.

 

Jean-Marc Emprin