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Lans-en-Vercors

Vercors cuir : artisan et acteur touristique

Fondé en 2010, Vercors Cuir est une entreprise de maroquinerie artisanale qui a pris le parti d'enrichir son offre par des produits d'appels... touristiques. Un pari réussi.
Vercors cuir : artisan et acteur touristique

Tout est parti d'une sacoche. Habitant le Vercors et passionnés de randonnées à cheval, Sophie Valeron et Sylvain Pettinotti s'étaient équipés d'un matériel plutôt bon marché en vue d'une balade sur les Hauts-Plateaux. Mais il a suffi de quelques jours pour que ledit matériel rende l'âme. Plutôt bricoleurs, les deux cavaliers déclarent qu'on ne les y reprendra pas : désormais, ils fabriqueront eux-mêmes leur équipement. Ils achètent des rouleaux de cuir, quelques outils, du fil de lin poissé et se lancent dans la réalisation de leurs premières sacoches. Comme le travail du cuir leur plaît, ils y prennent goût et se mettent à créer d'autres objets, pochettes, ceintures et autres besaces : Vercors cuir est né.

Vercors Cuir se fait également connaître sur les marchés.

A l'époque, en 2010, lui est encore institueur et elle travaille dans le tourisme. L'artisanat n'est alors qu'un passe-temps. L'activité se développant peu à peu, l'atelier de Lans-en-Vercors se transforme et la maroquinerie finit par prendre le pas sur le reste. Recherche de nouveaux cuirs dans les tanneries artisanales, invention de nouveaux modèles, patronnage, conception de gamme : Sophie et Sylvain élargissent leur gamme, se professionnalisent. Ils tentent même de monter une filière d'approvisionnement locale, mais renoncent (provisoirement) pour des questions techniques et de rentabilité.

La terrasse devant la boutique-atelier a été aménagée pour que les touristes puissent se restaurer avec des produits du Vercors tout en profitant du panorama.
Crédit photo : Vercors cuir

Forte de son expérience dans le tourisme et consciente du potentiel offert par le territoire, Sophie se demande comment « mettre en lumière leur activité artisanale ». Au fil des rencontres émerge l'idée de travailler en lien avec les producteurs locaux. « Nous sommes partis du principe que nous faisons un peu le même métier : nous transformons localement une matière première, raconte la jeune maroquinière. Les vacanciers aiment bien les produits des fermes. Pourquoi ne pas leur en proposer sur place ? » C'est ainsi que la marque Vercors Cuir a développé son premier produit touristique : la boutique-atelier. En 2012, un coin de la ferme familiale est réaménagé. Les objets sont mis en scène pour permettre aux visiteurs de faire du « tourisme expérientiel » en découvrant à la fois le travail du cuir et le patrimoine local. Un petit banc est installé à l'extérieur, qui permet aux touristes de s'abandonner à la lecture... de paysage. « C'est tout bête, mais les gens apprécient énormément. » L'idée du bar vient dans la foulée. « Pour être en cohérence avec notre appartenance au territoire et notre activité artisanale, nous ne proposons pas du Coca-Cola ou des glaces Miko, mais des boissons de la Brasserie du Vercors et des glaces des Alpes. » Une formule goûter à base de gourmandises locales est également proposée.

Circuit touristique

L'été, Sophie enrichit son offre par la programmation régulière d'événements destinés à attirer des publics diversifiés : « Instants Zen » le vendredi, mini-conférences thématiques , « Rencontres artisanes »... Pour compléter le dispositif, Vercors Cuir s'est associé avec quatre fermes voisines et amies pour créer un circuit touristique baptisé « Le val de Lans de fermes en ateliers ». L'investissement a été des plus raisonnables (tout de même 10 000 flyers et pas mal d'énergie), mais les retours sont particulièrement efficaces en termes de notoriété : « Ça permet de travailler en réseau et de faire venir à l'artisanat des gens qui ne sont pas spontanément attirés par ça », indiquent les deux artisans, qui espèrent que cette balade, qui peut se faire à pied, à vélo, à cheval ou en voiture, préfigure une future route des savoir-faire en Vercors, comme il en existe déjà en Oisans ou en Chartreuse. Les offices de tourisme ne s'y sont pas trompés, qui se sont déjà emparés de ce « produit clé en main » pour le proposer aux estivants désireux de découvrir le territoire autrement.

Marianne Boilève