« Au mois d'octobre, au moment de la noix, tout s'arrête à Vinay », commente un producteur au lendemain de la récolte. « C'est les noix », entend-on ça et là, comme pour excuser ce temps mis entre parenthèse où le monde agricole, encore très présent dans le pays vinois, semble comme absorbé par ses vergers, imposant soudain son rythme à l'ensemble du village. « Il y a une effervescence dans les noyeraies et sur les routes, avec la danse des ramasseuses et des secoueuses ou le ballet des remorques qui vont à la coopérative. La récolte de la noix, ce sont aussi des sons : depuis le musée, on entend le roulement des noix brassées et versées depuis les pallox », décrit Nelly Puaux, chargée du développement touristique du Grand séchoir. Du côté du musée, l'activité est aussi plus intense avec des visiteurs curieux de savoir où en est la récolte. « Ils posent des questions, se demandent quand ils pourront venir chercher des noix », poursuit la chargée de développement. Bien sûr, il y a aussi les mondées, que chaque village organise, car il y a longtemps que dans les fermes, on ne décortique plus des noix à la veillée. « C'est l'occasion de se retrouver, de discuter et de garder les gestes d'antan », reprend Nelly Puaux.

Capitale de la noix

Alors, quand toutes les noix sont rentrées, lavées, triées, ensachées, il est temps de faire la fête, avec les producteurs, toute la main-d'œuvre familiale, ou non, mobilisée autour de la filière, les entreprises du secteur, les artisans et restaurateurs qui déclinent le fruit sous toutes ses formes, les organismes liés de près à l'activité nucicole et surtout, les consommateurs qui attendent impatiemment de goûter au fruit nouveau. « Lorsque la récolte est bonne, on sent que les gens ont une plus forte tendance à la dépense en fin d'année », confie un commerçant de Vinay. « La fête de la noix de Grenoble de Vinay et de ses produits du terroir est l'occasion de donner un coup de projecteur sur les producteurs locaux et de mettre en avant le savoir-faire du terroir », explique David Marion, adjoint au maire de Vinay en charge de la manifestation. Il le promet, cette année, il a porté une attention particulière au listing de la trentaine d'exposants présents pendant deux jours. Pour ce qui est des producteurs de noix, ils seront tous issus de la zone.

Les organisateurs veulent cibler un public plus jeune et « ramener la fête autour de la noix », rappelant que Vinay, avec se noyeraie réputée la plus grande d'Europe, se veut capitale de la noix, même si les tullinois ne sont pas tout à fait d'accord. « C'est aussi parce que Vinay est le berceau de la noix de Grenoble, car les trois maîtres-greffiers, qui ont donné leur nom aux trois variétés de la noix de Grenoble, étaient de la région », souligne Nelly Puaux. Ainsi, Nicoud Franquet, de Notre-Dame-de-l'Osier, a donné son nom à la franquette, et messieurs Croizat-Paris, de Vinay, et Mayet, de Poliénas, respectivement à la parisienne et à la mayette.

« Dans notre fief »

Côté organisation, la municipalité attend quelques milliers de personnes mais voudrait enfin en savoir plus sur la fréquentation de cette fête. Qui vient ? D'où ? Afin d'obtenir des données tangibles, des billets gratuits ont été distribués, pour enfin connaître les vrais chiffres de la fête de la noix !
« C'est un moment important », reconnaît Rémi Picat, président de la commission noix au sein des JA qui sont associés à la manifestation. « Les gens sont enclins à participer à ce type de manifestation car la noix se porte bien », note-t-il. Pour les JA, c'est l'occasion de promouvoir la production nucicole mais aussi de faire connaître leur syndicat agricole. « La fête de Vinay a une dimension très locale, mais elle se déroule dans notre fief, le canton de Tullins-Vinay ! », poursuit Rémi Picat. Pour innover et « parce que nous n'avons rien à vendre, hormis nos idées », les Jeunes agriculteurs ont préparé des « Jeux à la noix », où il faut naturellement faire preuve d'habileté.

Isabelle Doucet

Deux jours de fête